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"Le système n'est pas né en 1999"
LE PROFESSEUR EMERITE DES SCIENCES SOCIALES WADI BOUZAR, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 26 - 05 - 2019

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Le professeur Wadi Bouzar approche le processus politique en cours qui caractérise le pays. Le soulèvement populaire du 22 février et les décantations qui s'opèrent sont vus avec le regard d'un scientifique observateur de près de cette évolution. Wadi Bouzar aborde la situation en cours en se référant aux causes qui remontent à la période de l'indépendance et ses conséquences politiques sur le pays à nos jours.
L'Expression: Comment analysez-vous le processus politique en cours en Algérie depuis le déclenchement de l'élan populaire historique du 22 février?
Wadi Bouzar:Beaucoup a déjà été dit, beaucoup reste à dire. Ce fut une erreur énorme de la part des principaux tenants du système d'avoir conservé le pouvoir plus de deux mandats et de ne pas avoir préparé leur succession, un minimum si on veut prouver par des actes qu'on estime et aime son peuple. La candidature au cinquième mandat a représenté la goutte qui a fait déborder le vase et une preuve de plus d'un certain mépris de la population. Les gens du pouvoir, un peu partout, mais surtout dans des contextes semblables, s'enferment dans une bulle et ne connaissent pas la réalité du pays car ils ne la vivent pas. Ils connaissent mal les autres groupes, les autres individus en dehors de leurs cercles à eux. Ils ne vivent pas avec la population, mais essentiellement avec leurs intimes. La «gestion» du pays par téléphone a tôt existé. Elle a déjà été dénoncée dans la première moitié des années 1960: «Pour eux, ça se règle au téléphone», disait-on. Les gens du pouvoir vivent au pays du pouvoir.
Autre raison qui a conduit au déclenchement du mouvement: la multiplication des affaires de corruption et le manque ou l'insuffisance de réactions publiques et judiciaires (magistrat dessaisi, etc...) du pouvoir. «L'autoroute la plus chère du monde» commentaient des gens...
Peut-on dire que le soulèvement populaire a surpris plus d'un?
Le déclenchement de ce processus et l'ampleur prise rapidement par le mouvement ont surpris. Manifestement, la majorité de la population était exaspérée depuis longtemps. A également surpris son pacifisme dans un contexte social où d'ordinaire, on se passionne et s'emporte vite, Selon les circonstances, selon leurs motivations les gens peuvent se révéler différents des stéréotypes qu'on leur attribue. La majorité des Algériens sait où peut mener la violence. De plus, le comportement de la population révèle plus de maturité qu'on ne pouvait le croire et le dire.
Surprise également en raison de la date tardive de ce réveil.
Pourquoi si tard? Est-ce dû aux traumatismes de la «décennie noire»? Sans doute en bonne part et aussi à la peur de l'instabilité, du problème qui serait posé par la succession: Le GPRA. est destitué, Ben Bella est renversé et emprisonné, Tahar Zbiri tente de renverser Boumediene, ce dernier meurt jeune, Chadli est dessaisi, Boudiaf est assassiné, Zeroual renonce au pouvoir... Les morts sont nombreuses, de nature diverse, de l'assassinat pur et simple au «suicide» ou à l'accident d'hélicoptère... A partir de 1962, la liste de ces morts est funestement inaugurée par le meurtre le 5 mai 1963, au centre d'Alger, de Mohamed Khemisti (1930-1963), premier ministre des Affaires étrangères...
On comprend par là que le système a évolué en vase clos, en occultant les fondamentaux de la gestion de la chose publique?
Un des pires défauts du système réside dans le manque de reconnaissance de la valeur d'autrui, l'absence de récompense des mérites, des services et actes plus ou moins dignes de compliments accomplis par des individus. Une commission de récompense des gens de culture se tint dans les années 1980, sous le régime de Chadli Bendjedid... Qui se permettait de juger qui? Le romancier Rachid Mimouni et quelques autres auteurs furent exclus de la liste.
Tous les individus ne sont pas encouragés, félicités, gratifiés, de manière objective, équitable, honnête. Ainsi en fut-il aussi dans d'autres domaines professionnels... Là encore, la subjectivité prévaut. Il y a ceux de son clan et il y a les autres...
La rivalité entre les nations étant impitoyable, le bilan, la compétition ne se jugent que sur des chiffres. C'est à qui travaille le plus, produit le plus, crée le plus, exporte le plus, vit relativement le mieux... Afin de mieux survivre dans le concert des nations, la société algérienne doit changer. Comment opérer un changement au moins partiel des mentalités et des habitudes? Kateb Yacine qui avait son franc parler et face à n'importe qui, avait tôt dénoncé l'«oisiveté générale»... Le goût du travail doit être érigé en valeur fondamentale après l'intégrité.
S'agit-il de l'absence totale de la notion de l'Etat de droit?
Le problème culturel reste à l'ordre du jour. L'Algérie connaît du retard sur le plan de l'informatique. L'Etat ne devrait-il pas consentir à deux grands efforts budgétaires? Baisser nettement le prix des ordinateurs afin que chaque foyer algérien puisse en acquérir un exemplaire au plus tôt; faire de même pour le livre dont le prix est bien trop élevé... On ne peut que souhaiter que les gens parlent moins, travaillent plus, lisent bien davantage, se recyclent plus, s'informent plus, réfléchissent plus, se sentent pleinement reliés au reste du monde, au «village planétaire» dont avait si bien parlé Marshall MacLuhan... L'intérêt pour les technologies de pointe doit être davantage stimulé.
Est-il normal qu'un pays n'ait pas de touristes, pas de communauté étrangère assez importante dans le commerce, les affaires, de retraités qui s'y trouvent bien, de personnalités diverses, artistiques ou autres, vivant sur son sol et qui contribuent à la dynamique économique? On a pu parler de l'«isolement» de l'Algérie, plus grand que celui de ses voisins. N'est-il pas «normal» et souhaitable qu'un pays attire les étrangers?
Le système ne naît pas en 1999. Abdelaziz Bouteflika est un pur produit du système qu'il a d'ailleurs contribué à édifier avec Boumediene à partir de 1962. A vingt-cinq ans, il est ministre de la Jeunesse et des Sports. Quoi qu'on puisse dire de Ben Bella, resté peu de temps aux commandes, la part de sa contribution à la construction du système est forcément bien moindre. Du reste, rappelons que Boumediene renverse Ben Bella sous la demande pressante de Bouteflika. Ben Bella voulait limoger Bouteflika. Le colonel Tahar Zbiri, en désaccord avec Boumediene, tenta ce qu'il est convenu d'appeler un putsch le 14 décembre 1967 qui n'aboutit pas. Tahar Zbiri rapporte dans son livre: «Un demi-siècle de combat-Mémoires d'un chef d'état-major algérien» (2012) que lors de la réunion secrète préparant le renversement de Ben Bella, Bouteflika accusa ce dernier de gabegie, de gaspillage des deniers publics en raison de la construction (difficile du fait du terrain) de l'hôtel El Aurassi, du Palais des Congrès de Club des pins alors que devaient se tenir la Conférence afro-asiatique le 22 juin 1965 et le Festival mondial de la Jeunesse et des Etudiants (l'auteur de ces lignes a fait partie de l'équipe) qui furent alors annulés sine die...
Dans des conditions, disons beaucoup plus «normales» que les conséquences de la guerre d'Indépendance et ses derniers et non moins tragiques soubresauts, les chances auraient été plus minimes que se succèdent certaines personnes à la tête de l'Etat.
La fonction de chef d'Etat, délicate et complexe en 1962 et bien plus encore aujourd'hui, nécessite une vaste culture générale, le début au moins d'études supérieures, de l'expérience acquise lors de responsabilités administratives et/ou politiques déjà exercées, des connaissances précises en économie, domaine où les carences ont été particulièrement manifestes, de 1962 à la chute de Bouteflika et une intégrité certaine.
La «révolution agraire», loin s'en faut, n'a pas résolu les besoins alimentaires du pays. Pourtant, l'échec de l'ex-URSS. au plan agricole, elle-même importatrice, était patent. L'application de la théorie de l'économiste Destanne de Bernis (1928-2010) sur les «industries industrialisantes» entre 1965 et 1975, a constitué le principal point positif de la politique économique menée sous le régime Boumediene, mais a souffert une fois encore de l'insuffisance de techniciens et d'ouvriers spécialisés, de mauvaise gestion, de corruption.
Plus récemment, n'était-ce pas une curieuse initiative que de brader l'infrastructure industrielle déjà créée dans les années 1970? Pourquoi créer maintenant, si tard et avec l'insuffisance de sous-traitants, des usines de montage d'automobiles? Et ce, tandis que baissent nettement les réserves d'hydrocarbures et que des nations dites avancées optent de plus en plus pour des véhicules électriques ou hybrides? Ces décisions sont-elles suffisamment réfléchies? Au sujet du moins des plus importantes, plus d'informations et d'avis n'étaient-ils pas nécessaires? Les débats, public notamment ne brillent-ils pas par leur insuffisance?
Dans ce contexte se sont succédé des chefs d'Etat dont peu étaient pleinement en mesure d'assurer de telles fonctions avec, à notre avis, deux exceptions notables. D'abord, celle de Mohamed Boudiaf, non tant en raison de ses connaissances que de son incontestable intégrité. Lorsqu'on le contraint lui aussi à s'exiler, il ne se rend pas sur les bords du lac Léman, mais va gagner sa vie dans un pays voisin en fabriquant des briques, les mains dans l'argile... Quant au général Lamine Zeroual, personnalité sobre et sans jeu théâtral, il est très intéressant de lire ou de relire sa Lettre au peuple algérien du 19 mars 2014, à la veille du quatrième mandat de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika. De plus, à quelques exceptions près, le premier cercle de tous ces anciens chefs d'Etat depuis 1962 n'était pas toujours composé de personnes susceptibles de remédier aux nombreuses insuffisances de ces derniers.


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