Le vrai sens des valeurs Le village Taourith, qui a eu le privilège d'accueillir Yves Courrère, l'auteur de «Les fils de la Toussaint», invité par Larbi Alilat, un ancien de l'ALN, était hier à l'heure de la solidarité. En ce premier jour de juin, le village Taourith ath Ahmed Ouaâmar réunissait ses enfants lors d'un événement qui ne s'est pas reproduit depuis 12 ans. Fidèle aux traditions les plus nobles de la société kabyle, les habitants de Taourirth ont, encore une fois, fait preuve d'esprit de solidarité et d'entraide en sacrifiant quatre veaux. Dans ces contrées situées sur les hauteurs de la vallée de la Soummam, l'on ne se vante pas d'une charité, quelle que soit sa valeur. En trois phases, l'événement a réuni tous les fils et les filles d'un même village pour se répartir équitablement les tâches, la viande et la fête. C'était autant de moments qui ont toujours distingué le Kabyle. Le comité de village, avec à sa tête Ahmed Hamri et les associations venaient de réussir le pari de maintenir une tradition, ô combien importante pour tous les villageois. «Lawziaâ» a eu lieu, les 300 foyers auront leur part de viande. A ce sujet, Ahmed, le chef d'un comité d'organisation désigné à cet effet, indique: «Nous avons jugé bon de permettre aux riches comme aux pauvres de renouer avec la joie et la solidarité, et consolider les liens entre les villageois.» De son côté le président d'honneur du comité religieux, Hadj Hachemi Kebaïli, explique: «Au cours d'une discussion avec mon ami Ahmed, l'idée d'organiser ce sacrifice collectif a germé dans mon esprit pour déboucher concrètement dans les jours suivants.» «Nous avons réuni les habitants du village et nous avons désigné un comité d'organisation qui s'est immédiatement attelé à la collecte de l'argent et à l'achat des quatre veaux», ajoute Ahmed Hamri. «Avant-hier, le sacrifice proprement dit a eu lieu, en présence de tous les villages, pour ensuite procéder au partage de manière équitable entre les 300 foyers du village, y compris les plus démunis». Pour joindre l'utile à l'agréable, l'association culturelle et le comité du village ont prévu, le jour de l'Aïd, d'organiser des festivités au profit des enfants du village. Placée sous le signe de la cohésion et de la fraternité, cet évènement était un rendez-vous d'attachement, d'union et de «tagmats» dans une ambiance de joie, d'harmonie et de rires. «Nous tenons à remercier particulièrement les villageois, qui ont requis l'anonymat, pour leur apport à la réussite du sacrifice et avons une pensée particulière à nos émigrés, dont l'absence est fortement ressentie», conclut Ahmed Hamri, juste avant que l'on procède à l'opération de distribution des parts. Les quatre veaux, répartis en 300 parts feront bien des heureux pour la fête de l'Aïd. «Lawziaâ» constitue une bonne occasion pour resserrer les liens entre les enfants du village, venus aussi d'Oran, d'Alger, de Béjaïa et d'ailleurs pour l'évènement. Taourirth venait de vivre un moment fort qui n'a de valeur que de ressusciter l'espoir de la réhabilitation des valeurs de la société kabyle.