L'heure est grave, il appartient à l'Etat de prendre les mesures qui s'imposent. Mais quel Etat? Depuis le 22 février, date du début du soulèvement populaire pacifique, deux appréciations contradictoires agitent les observateurs. D'un côté les pessimistes qui craignent le pire face à la menace économique qui pointe à nos portes. De l'autre côté, ceux qui, emportés par l'euphorie du Hirak, sombrent dans un optimisme béant. Un confort furtif qui s'estompera avec la fin du beau rêve révolutionnaire dans lequel baigne la nation depuis trois mois. La réalité économique, en tout cas, annonce des lendemains difficilement supportables. D'abord, la mamelle algérienne accuse des signes de tarissement: La baisse des quantités d'hydrocarbures exportées n'est pas une vue de l'esprit, mais une réalité exprimée par les chiffres. Nos exportations pétrolières ont entamé depuis l'année 2017, une courbe décroissante impactant inévitablement les rentrées en devises qui flirtent avec les 40 milliards de dollars. Ce qui évidemment demeure insuffisant pour répondre aux besoins quotidiens des Algériens. Motif de très sérieuse inquiétude dans un pays ne produisant pas grand-chose pour nourrir les citoyens, les habiller, les soigner et les équiper. Avec quoi acheter tous ces biens à l'étranger? Pour les experts, l'Algérie a besoin d'un baril de plus de 100 dollars pour maintenir ses équilibres budgétaires et préserver sa position financière extérieure fragilisée par la diminution des rentrées du pétrole et du gaz. Cette réalité économique impacte directement le quotidien des Algériens. Ils ont vécu cette situation durement durant le mois de Ramadhan où certains produits ont connu des flambées démesurées. C'est la conséquence d'une inflation qui les touche de plein fouet. Pendant vingt ans, les tenants du régime en place nous ont fait écouter l'inusable refrain: la volonté de diversifier l'économie nationale pour échapper à la dépendance éternelle aux hydrocarbures. Vingt ans plus tard, rien n'y fut et l'Algérie consacre le quart de ses recettes pétrolières à l'importation de produits alimentaires de base. Sans compter que les réserves de changes, fondent comme neige au soleil. Et pour assombrir davantage le tableau, l'ancien ministre de l'Energie a fait une annonce qui ne se prête pas à l'apaisement. Ainsi Mustapha Guitouni a affirmé qu'au rythme de la croissance actuelle de la consommation interne et à celui du faible renouvellement des réserves l'Algérie n'aura plus de gaz à exporter en 2032. Telle est la situation peu reluisante dans laquelle se retrouve l'Algérie en proie à une crise qui devient chaque jour inextricable par le manque de perspectives politiques. Un chef d'Etat honni par la population, un gouvernement quasi clandestin et une économie en berne. L'heure est grave, il appartient à l'Etat de prendre les mesures qui s'imposent. Mais quel Etat?