Au mois d'août de chaque année, le même scénario se répète, avec la mort de milliers de poissons. Depuis quelques jours, les eaux et les rives de l'oued Seybouse, sont le cimetière de milliers de poissons morts asphyxiés par la pollution de ce cours d'eau. À l'origine de cette catastrophe, le déversement de produits chimiques toxiques, croit-on savoir. Cette fois, ce sont les unités industrielles de transformation de la tomate, qui sont mises à l'index. Ces dépassements, sur la faune, sont enregistrés, notamment au niveau du tronçon de ce cours d'eau, traversant la wilaya d'El Tarf. Cette dernière, réputée par sa production de tomate industrielle et le nombre d'unités versées dans sa transformation. Certaines de celles-ci, sont accusées d'avoir déversé des déchets chimiques dangereux, utilisés dans le processus de transformation. Ces pratiques criminelles menacent non seulement la faune et la flore des rives de l'oued Seybouse, mais présentent également des risques majeurs sur la nappe phréatique, l'agriculture et la santé publique. Une cote d'alerte suscitant l'inquiétude des populations, des associations de protection de l'environnement, ainsi que des agriculteurs. Ces derniers, qui déplorent l'inertie des autorités touchées par des correspondances de dénonciation, car, convient-il de souligner que les eaux de l'oued Seybouse sont la principale source d'irrigation pour l'agriculture saisonnière. Or, avec ce rejet des déchets industriels toxiques, l'irrigation agricole n'est plus possible, en raison de la forte pollution des eaux. Situation occasionnant la destruction de centaines d'hectares de récoltes, de pastèques et de melons notamment. Ainsi, outre le crime contre l'agriculture, c'est la faune qui paye chaque année le tribut d'agissements irresponsables d'opérateurs économiques versés dans différents secteurs. En témoigne la mort de milliers de poissons d'eau douce, vivant dans les eaux de la Seybouse. Un phénomène récurrent non sans danger sur la santé publique également, car ces dizaines de milliers de poissons échoués sur les rives ou flottant sur ses eaux polluées, attirent des individus sans scrupules qui ramassent ces poissons morts pour les revendre. Une pratique dont les répercussions seront inévitables sur la santé des consommateurs. Mesurant à sa juste valeur l'impact de cette catastrophe, le moins que l'on puisse qualifier d'écologique, les Annabis des zones et localités avoisinantes de la wilaya d'El Tarf, ont, au vu de la gravité de la situation, interpellé les pouvoirs locaux d'El Tarf, aux fins d'une intervention rapide. En attendant que toutes les mesures soient prises du côté de cette wilaya limitrophe de Annaba, il est à noter que la Seybouse draine un versant de 2 600 km qui s'étale sur quatre wilayas: Annaba, El Tarf, Guelma et Souk Ahras. Il y a plus de 200 unités industrielles implantées dans cet espace et tous leurs rejets se retrouvent dans l'oued et finalement dans le golfe de Annaba, le plus pollué du pays. Il y aurait 4,5 millions de m3 de rejets polluants déversés quotidiennement. Cette situation désolante, implique, entre autres, Fertial, ex-Asmidal, l'usine d'engrais azotés désignée comme l'un des plus grands pollueurs de la région, même avec ses filtres. En outre, après la finalisation des études du projet de dépollution de l'oued Seybouse, pour un montant de 360 millions de DA, les contacts entrepris avec les unités industrielles n'ont, à ce jour rien donné. Un projet censé renouveler la faune et la flore de la Seybouse, dont les eaux ont atteint un degré de pollution extrêmement inquiétant. La situation empire en profondeur et en complexité, malgré les lois promulguées censées endiguer ce phénomène. En attendant une application rigoureuse des textes de loi, il est important de rappeler que, le lit de la Seybouse, à travers l'Est du pays, n'est pas à sa première catastrophe. De Chihani, dans la wilaya d'El Tarf à Oued El Kébir et Karkra, dans la wilaya de Skikda et Metcha à Oued Djendjen, en passant par, entre autres, Boukemousa, dans la wilaya de Guelma et à Sidi Salem et Joinau à Annaba, la situation est inquiétante pour cet oued qui s'étend sur des centaines de kilomètres à travers l'Est du pays. Depuis 2016 et jusqu'à la mise sous presse, l'oued Seybouse, à travers toute la région Est du pays enregistre des catastrophes écologiques occasionnées par les déversements effrénés de produits chimiques toxiques. Situation à l'origine d'enquêtes devant identifier les opérateurs économiques auteurs de ces actes criminels contre la nature. Les résultats de ces enquêtes enclenchées par les services de sécurité, affichent malheureusement un black-out pour des raisons incompréhensibles, du moins c'est ce que l'on pense.