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«Les fonds du FLN étaient un cadeau empoisonné pour ma famille»
Tarik Khider, fils de Mohamed Khider et auteur, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 20 - 08 - 2020

Les fonds du FLN, parlons-en: il n'y a pas aussi précis et concis que Tarik Khider, fils du trésorier du FLN, Mohamed Khider, pour nous plonger dans cet univers, encore obscur. Où est l'argent du FLN? Il a répondu à cette question dans le livre qu'il a signé: L'affaire Khider. Histoire d'un crime d'Etat impuni. Il revient dans cet entretien sur un épisode de l'Histoire de l'Algérie indépendante.
L'Expression: Y a-t-il eu une réaction au sujet de l'assassinat de Khider, publiée et publique, des anciens compagnons de Khider, mis, à part de Hocine Ait Ahmed, quand et où?
Tarek Khider: Les réactions ont été nombreuses et spontanées de militants exilés en France, en Suisse et en Espagne et de personnalités marocaines. En France c'est Abdelhafid Yaha qui s'exprime pour condamner cet assassinat, en Espagne le Tunisien Hafid Ibrahim installé à Madrid, par ses connaissances, agit rapidement auprès des autorités espagnoles pour pousser à ce qu'une enquête soit diligentée. C'est aussi grâce à lui que le dossier d'enquête a été remis à la famille. Il sera aidé par plusieurs autres personnes connues et reconnues pour leurs actions dans la lutte anticoloniale menées en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Les Marocains Abdelhadi Baraka, l'avocat Abderrahman Yousfi, le docteur Khatib, l'avocat Mourad Oussedik, les opposants Mohamed Boudiaf, Bachir Boumaza, Mohamed Lebjaoui, en Suisse l'ami sincère François Genoud. Tous ont témoigné leur soutien à la famille et leur condamnation pour ce crime abject. Ceci étant, les déclarations très claires qui impliquent l'Etat algérien dans cet assassinat sont celles d'Ait Ahmed. Mohamed Lebjaoui et Mohamed Boudiaf qui feront également des déclarations lors de la cérémonie du 40ème jour, à Rabat, au Maroc.
Boumediene a reçu Mme Khider. A-t-elle donné plus de détails sur cette rencontre à part la question du trésor du FLN?
La rencontre de Mme Khider avec Boumediene est expliquée en page 162 de mon livre. Boumediene connaissait Madame Khider pour l'avoir rencontrée à plusieurs reprises avec son mari. L'affaire de l'assassinat n'a, bien sûr, pas été évoquée lors de l'entrevue. La préoccupation majeure de ma mère était d'en terminer avec cette affaire des fonds du FLN que continuait à utiliser Boumediene pour discréditer la mémoire de Mohamed Khider. J'avais évoqué dans mon livre toutes les tentatives infructueuses de mon père pour en terminer avec cette affaire. Il était prêt à rendre des comptes, mais bien entendu avec des conditions qui sont détaillées en pages 223 à 228 (procès-verbal des pourparlers avec M. Khider au sujet des fonds du FLN) et en page 122 lorsqu'il rencontre les émissaires de Boumediene à Paris et leur précise qu'il ne restituera l'argent qu'à l'occasion de la tenue d'un congrès du FLN rassemblant tous les militants sans exclusive. Ma mère se fixera pour objectif d'en terminer avec cette affaire. Elle est en bonne posture puisque l'Etat algérien s'évertue sans succès à vouloir gagner le procès juridique lancé contre la famille. L'Etat algérien s'était vu débouté par le tribunal suisse au profit de Mohamed Khider et après sa mort au profit des héritiers, la famille Khider. Elle présente à Boumediene une lettre de François Genoud (pages 191 à 196), administrateur et ami de feu Mohamed Khider qui explique clairement comment Mohamed Khider avait réussi à prendre le contrôle direct de la BCA. Boumediene sait à partir de ce moment que l'Algérie a la possibilité d'être propriétaire d'une banque en Suisse si un arrangement est accepté avec la famille Khider. Mais comme précisé dans le livre, Boumediene va malgré tout continuer à harceler la famille pour obtenir les fonds par voie judiciaire. Réellement il n'en a cure de cet argent. Que représente-t-il lorsqu'on connaît l'euphorie que vit ce pays en matière financière grâce aux pétrodollars récoltés. Quitte à détruire ces fonds suite aux nombreux procès judiciaires, le prix à récolter par Boumediene est celui de discréditer la mémoire de Mohamed Khider, faisant même courir le bruit que ce meurtre n'est qu'une sale affaire d'argent qui a fini par un règlement de comptes.
Qu'en est-il devenu de l'argent du FLN détenu par Khider? À qui le trésorier du FLN a remis l'argent? L'Etat algérien a-t-il récupéré cet argent?
L'affaire des fonds doit être expliquée selon la période du vivant de Mohamed Khider et après son assassinat.
De son vivant, Mohamed Khider avait pris la décision d'entrer en opposition contre le régime de Ben Bella et s'exile à l'étranger d'où il mènera son combat. Pour cela il lui fallait utiliser le nerf de la guerre qu'était ce fameux trésor du FLN. Sans jamais nier l'appartenance de ces fonds à l'Algérie, il déclare haut et fort qu'il mettait à la disposition de l'opposition ces fonds et qu'ils ne reviendront à l'Algérie que lorsque celle-ci aura acquis sa réelle liberté. Il déclare qu'il est prêt à rendre des comptes lorsque les conditions seront réunies. Jamais il ne refusera le dialogue. Preuve en est le rapprochement qu'il fait avec Ben Bella par l'intermédiaire de Mohamed Lebjaoui en 1965. Celui-ci assurait les bons offices pour tenter de régler le problème des fonds (voir page 116 du livre), mais soldés par un échec puisque Ben Bella se fait renverser par Boumediene quelque temps plus tard. Cette tentative est résumée dans un procès-verbal en pages 223 à 228 du livre. Une autre tentative est faite en septembre 1965 après le coup d'Etat. Une rencontre est organisée avec Rachid Zeghar, proche de Boumediene ainsi qu'avec d'autres émissaires, Cherif Belkacem, le commandant Larbi et le ministre Taleb attaché à l'ambassade d'Algérie à Paris.
Ces rencontres se soldent par des échecs sachant, qu'en fait, Boumediene n'a jamais eu l'intention de régler le problème. Au contraire, il a cherché à l'utiliser pour discréditer l'opposition dans son action politique. Si Khider veut régler ce problème à un moment donné, c'est qu'il se rend compte qu'il traîne, en fait, un boulet avec lui. Mais comment traiter avec des ennemis conscients que ces fonds ne servaient pas l'opposition. Au contraire.
- Après l'assassinat, la famille Khider hérite de ces fonds. Un cadeau empoisonné puisque l'Etat algérien continuait à utiliser cette affaire pour détruire l'image des opposants. La question posée était de savoir qu'est-ce que l'opposition comptait faire? Allait-elle continuer le combat en utilisant ces fonds ou non? La décision est prise de trouver un compromis avec l'Etat algérien. Mohamed Khider avait racheté les actions de la BCA et par conséquent la famille se trouve propriétaire d'une banque en Suisse. La famille se trouve confrontée à deux problèmes: l'un interne à la banque. Zouheir Mardam, administrateur, par des manoeuvres subtiles, tente d'accaparer la majorité des actions de la banque, l'autre concerne les attaques judiciaires de l'Etat algérien contre la famille Khider ceci malgré les multiples tentatives de rapprochement.
Concernant Zouheir Mardam, sa tentative échoue grâce à la contre-attaque que la famille fait en déposant une plainte pénale pour abus de confiance qualifié. Celle-ci aboutira en faveur de la famille et stoppe les élans de Zouheir Mardam qui s'empresse de trouver un arrangement.
Concernant les attaques judiciaires que fait l'Etat algérien contre la famille Khider, elles se soldent par un échec, puisque celui-ci se voit débouté par le tribunal fédéral helvétique en juillet 1974, considérant les héritiers Khider comme seuls ayants droit légaux. Boumediene fait la sourde oreille et refuse toute tentative de règlement à l'amiable de cette affaire. Ce n'est qu'à la mort de Boumediene que les contacts établis par Hocine Ait Chadli Ahmed via Ali Mecili pour trouver un terrain d'entente avec le nouveau président, Bendjedid, aboutissent par un accord en novembre 1979. Celui-ci prévoit la cession par la famille Khider à l'Etat algérien (pages 161 à 166). La BCA porte le nom d'«algerische Aussenhandels Bank» (Banque algérienne du commerce extérieur) basée à Zürich et qui existe encore aujourd'hui. Celle-ci a été utilisée comme plate-forme pour des transactions financières opaques servant les intérêts de la sécurité militaire et de l'oligarchie financière et hommes d'affaires corrompus algériens (voir pages 169 - 170 article de El Watan).
L'assassin de Mohamed Khider était-il ou non un diplomate puisqu'il a été couvert par l'immunité diplomatique. Le livre paru en 2017, soit cinquante ans après l'assassinat, une enquête a-t-elle été faite par vous (Tarek Khider) auprès des services de sécurité dissidents ou militaires dissidents pour en savoir davantage sur le ou les véritables commanditaires?.
Non, l'assassin du nom de Youssef Dakhmouche, n'était pas diplomate. C'est un repris de justice utilisé par les services de sécurité militaires pour exécuter la sale besogne, chapeauté par le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Abdelaziz Bouteflika, via l'ambassade algérienne à Madrid et dont le «chargé des affaires culturelles», M. Rabah Boukhalfa a été la cheville ouvrière de cet assassinat en l'organisant et en restant en contact permanent avec l'assassin Dakhmouche pour le pousser à exécuter le contrat, sachant que ce dernier a hésité à plusieurs reprises avant de passer à l'acte. Quant à votre question si j'ai mené une enquête auprès des services de sécurité dissidents, ou militaires dissidents. ma réponse est non. La preuve essentielle de l'implication de la sécurité militaire dans ce meurtre se trouve dans le dossier officiel complet remis à la famille, de l'enquête effectuée par la police madrilène.
Qui Khider menaçait-il-vraiment, Boumediene ou Bouteflika qui était en charge de la diplomatie et qui était obsédé par l'argent et le faste?
Khider menaçait un système mis en place par le clan d'Oujda et dont Boumediene et Bouteflika. Ce système totalitaire basé sur l'idée de la suprématie du militaire sur le politique était combattu par Khider. L'avenir lui a donné raison lorsqu'on voit les résultats de ce système.
Qu'est devenue la banque algérienne en Suisse? Qui la gère? À quoi sert-elle?
J'ai déjà répondu à cette question. Cette banque est installée à Zurich et elle sert uniquement à faire transiter des fonds servant l'intérêt des hommes d'affaires servant l'intérêt du système.
Quels étaient les relations ou les rapports de Khider avec Kasdi Merbah, patron de la sécurité militaire du temps de Boumediene et qui aurait été assassiné en 1993 parce que, selon ce qui aurait été rapporté, il voulait se rendre en Suisse? Pourquoi selon vous?
Concernant Kasdi Merbah, je n'ai pas vraiment d'informations sur les rapports que Khider avait avec lui. Ils se connaissaient et devaient sûrement avoir des contacts, mais n'oublions pas qu'entre 1962 et 1967, date de l'assassinat, Merbah était le patron incontesté de la SM. Il est cité comme un pur produit du FLN et le pilier du régime en matière de sécurité intérieure. Ceci étant, on le disait intègre. À mon avis, il était sûrement au courant de l'assassinat du leader algérien, mais n'a pas forcément adhéré au projet. Preuve en est sa déclaration publique du 9/01/1991 promettant de livrer les noms des exécuteurs de M. Khider et de Krim Belkacem.
Malheureusement, il sera lui-même assassiné emportant ses secrets dans la tombe.


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