Le procureur général près la cour d'Alger a requis, hier, de lourdes peines contre les principaux accusés dans l'affaire des deux anciens ministres de la Solidarité, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat. Le représentant du ministère public a considéré que tous les éléments matériels et moraux de dilapidation et détournement de deniers publics ont été établis. Une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d'une amende d'un million de dinars a été requise contre l'ancien ministre de la Solidarité nationale(1999-2010), Djamel Ould Abbès. Le même parquet a requis une peine de 8 ans de prison ferme et une amende d'un million de dinars contre Saïd Barkat, ministre de la Solidarité nationale de mai 2010 à septembre 2012. Pour le représentant du ministère public, «il y a là des dépassements flagrants dans la gestion des deniers publics, transférés illégalement à des personnes physiques». Le parquet a également requis une peine de 5 ans de prison ferme et une amende d'un million de dinars à l'encontre de Bouchenak Kheladi, ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité nationale, du temps de Djamel Ould Abbès. Une peine de 5 ans de prison ferme et une amende de 500.000 dinars a été requise contre Ismaïl Benhabyles, Amer Sid Ahmed, fonctionnaires au ministère de la Solidarité, Hamza Cherif, ancien directeur des études au même ministère et président de l'Unea (Union nationale des étudiants algériens), Bouznaki Cherif, Zane Omar, Toumi Nasreddine et Benouda. Le parquet a requis également une peine de 4 ans de prison ferme assortie d'une amende de 500.000 dinars contre quatre autres prévenus. Accusé de conflit d'intérêts, Ould Abbès a accordé des sommes ahurissantes en milliards de centimes à quatre associations, dont il présidait aux destinées de trois d'entre-elles, et la quatrième par un de ses proches. Avec l'argent puisé dans le Fonds de la Solidarité nationale, ces associations ont été chargées par le ministre de la Solidarité, dans le cadre de conventions, de réaliser des actions à caractère social (acquérir des bus scolaires, des denrées alimentaires, des trousseaux scolaires et des ordinateurs). Le représentant de la partie civile a cité l'association «Pamusk», (présidée par Ould Abbès), qui a empoché une somme de 2 milliards de dinars, l'UMA (présidée également par Djamel Ould Abbès), qui a bénéficié de 320 millions de dinars, Paix et solidarité, «présidée aussi par Ould Abbès destinataire d'un montant de 3,3 milliards de dinars, l'Onea, association estudiantine, présidée par un proche d'Ould Abbès a obtenu une somme de 12,73 milliards de dinars. Au total les quatre associations, composées de trois à quatre personnes, ont reçu 18 milliards du dinars. L'Association de solidarité, de paix et de perspectives (présidée par Ould Abbès) a dépensé une somme de 12 milliards de dinars dans le soi-disant objectif d'organiser un plan bleu et des colonies de vacances destinés aux enfants du Sud. «Le ministère a dépensé plus de 18 milliards de dinars, octroyé à des associations, pour éviter la procédure des marchés publics et la traçabilité», a-t-il déclaré. Sur les 1235 ordinateurs destinés aux lauréats du bac session 2008, acquis pour un montant de 860 millions de dinars, seuls 226 ont été remis à l'Office du baccalauréat. L'Onea a bénéficié aussi, du temps de Saïd Barkat, d'une autre subvention pour l'acquisition de 800 bus de ramassage scolaire. Les deux ministres ont été poursuivis pour des chefs d'inculpation de «dilapidation de deniers publics», «détournement de deniers publics», «conclusion de marchés en violation de le législation» et «abus de fonction». Pour rappel, les deux anciens ministres de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, ont été condamnés en première instance par le tribunal de Sidi M'hamed à des peines respectives de 8 ans et 4 ans de prison ferme assorties d'une amende d'un million de DA chacune. Le fils de Djamel Ould Abbès, El Ouafi (en fuite à l'étranger), a été condamné, quant à lui, à 10 ans de prison ferme, une peine assortie d'une amende d'un million de DA avec émission d'un mandat d'arrêt international à son encontre.