Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) a exhorté tous les groupes armés et acteurs politiques de la République centrafricaine (RCA) à s'abstenir de toute action susceptible d'entraver le bon fonctionnement du processus électoral. Le Conseil a également appelé les parties prenantes à s'abstenir de toute action ou attitude susceptible d'entraver le travail des agents de l'Autorité nationale électorale (ANE), ainsi que de toute mesure visant à entraver la libre circulation de la population et des candidats pendant le scrutin, selon un communiqué publié vendredi par l'UA. Le Conseil de paix et de sécurité a prévenu que quiconque se livrerait à de telles pratiques serait personnellement tenu responsable, et deviendrait passible de poursuites judiciaires et politiques. La RCA organise les élections présidentielle et législatives aujourd'hui, en vertu d'un accord de paix signé en février 2019 entre le gouvernement - qui ne contrôle qu'un cinquième du territoire du pays - et 14 groupes armés. Le pays est gangrené par la violence depuis que les rebelles de la Séléka ont évincé en 2013 le président de l'époque, François Bozize, provoquant des représailles de la part des milices chrétiennes. Le Conseil de paix et de sécurité a exprimé sa profonde inquiétude face à l'escalade de la violence dans le pays et à la collusion entre certains groupes armés et certains dirigeants politiques, qui ont entraîné de nombreuses morts et ont apporté davantage de misère et de désolation à la population. Le Conseil a félicité la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) pour ses efforts et son soutien continu dans divers domaines à la RCA et à ses institutions, notamment en protégeant les civils, en apportant une assistance technique au processus électoral, et en aidant les forces de défense et de sécurité à sécuriser le pays. Il a appelé tous les pays voisins à continuer à contribuer à la stabilisation du pays et à la facilitation du processus électoral. Le Conseil a en outre encouragé la population de RCA, les parties signataires et non signataires, les acteurs politiques, la société civile et les associations de femmes et de jeunes à continuer à soutenir la mise en oeuvre de l'accord de paix (APPR-RCA), qui reste la seule solution crédible pour rétablir une paix durable dans le pays au-delà du processus électoral. Trois Casques bleus burundais ont été tués par des «combattants armés non identifiés» en Centrafrique, où la coalition de rebelles - à l'offensive depuis une semaine contre le gouvernement - a rompu son cessez-le-feu peu avant les élections présidentielle et législatives prévues dimanche. «Trois casques bleus du Burundi ont été tués et deux au-tres blessés à Dékoa» (centre), a annoncé l'ONU vendredi, en condamnant des attaques menées par «des combattants armés non identifiés». Les attaques se sont produites à Dékoa et Bakouma (sud), a précisé l'ONU dans un communiqué. La tenue des élections en Centrafrique, un pays ravagé par la guerre civile et au territoire encore contrôlé aux deux tiers par des groupes armés est un enjeu majeur pour le président sortant Faustin Archange Touadéra, grand favori, et la communauté internationale. La coalition rebelle avait décrété mercredi un «cessez-le-feu unilatéral» de trois jours arrivant à échéance avant le vote, tout en demandant au président Touadéra de «suspendre les élections dont les conditions de bon déroulement n'ont jamais été réunies». Mais M. Touadéra s'est montré déterminé dans son refus de tout report. En outre, Ange-Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement, avait réagi jeudi en dénonçant «un non-événement», disant n'avoir pas constaté de volonté des rebelles de «s'arrêter dans leurs actions». Après une légère accalmie jeudi matin, des combats ont repris à Bakouma, à environ 800 km au nord-est de Bangui, selon Vladimir Monteiro, porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca). La progression des rebelles a été enrayée depuis mercredi, avec notamment la reprise de la quatrième ville du pays, Bambari, par les Casques bleus, l'armée, et des centaines de renforts dépêchés par le Rwanda et la Russie dans le cadre d'accords de coopération bilatérale. Jeudi soir, la Minusca a également reçu le soutien de 300 Casques bleus rwandais, «dans le cadre du plan intégré de sécurisation des élections». La semaine dernière, les principaux groupes armés se sont coalisés et ont lancé une offensive. La menace persistante des groupes armés rend illusoire une participation conséquente, ou du moins libre et sereine. Et l'opposition exige un report, dénonçant par avance des fraudes massives pour faire réélire M. Touadéra dès le premier tour. Vendredi était le dernier jour de la campagne officielle mais la plupart des quelque 1.500 candidats à l'Assemblée nationale n'ont pu la mener pour des raisons de sécurité. La Centrafrique est ravagée par une guerre civile qui a fait des milliers de morts entre 2013 et 2014, avant de baisser d'intensité depuis 2018. Le 20 décembre, le G5+, qui comprend notamment la France, la Russie, l'ONU, l'Union européenne et la Banque mondiale, a martelé que les élections, dans l'organisation desquelles la communauté internationale a investi plus de 30 millions d'euros, devaient «se tenir dans le respect du délai constitutionnel».