Les Accords d'associations avec l'Union européenne ont été, hier, à l'honneur à la faveur d'une conférence-débat au forum économique d'El Moudjahid. La séance a été entamée par une présentation analytique, en diapositives, effectuée par l'expert agronome et directeur des programmes du cabinet CI Expert, Akli Moussouni. Ce dernier a dressé un sévère réquisitoire à l'égard de l'Accord d'association, notamment pour ce qui est du secteur de l'agriculture en particulier. Pour cet expert agronome, «il n'y a rien au niveau des textes de l'Accord d'association avec l'Union européenne qui soit défavorable à l'Algérie. Donc, ce ne sont pas les clauses qu'il faudra réviser ou changer, mais plutôt toute une chaîne de valeurs», dira-t-il précisant que «l'outil de négociation, c'est le produit agricole et agroalimentaire qui est à défendre...». À ce sujet, il détaillera, tableaux et analyses à l'appui, les aspects négatifs du secteur agricole. Moussouni estime qu'il faudra développer la notion de filière, entre autres solutions préconisées pour pallier ce déséquilibre flagrant dans les échanges avec l'UE. D'ailleurs, c'est sous l'intitulé: «Une opportunité contraignante», que l'expert a entamé sa présentation. Schémas à l'appui, il relèvera les aspects préjudiciables à l'agriculture algérienne, qui reste «traditionnelle, fortement dépendante à hauteur de 80% des intrants à l'importation..., tout comme l'agro-alimentaire». Pour cet expert, «une telle agriculture où l'Etat investit en dollars et en dinars, ne peut pas exporter». À ce propos, il procédera à l'énumération des «tares» du produit agricole et agroalimentaire, à savoir «l'absence de normalisation et de traçabilité, douteux et donc non certifiées, produits non compétitifs donc trop chers, non planifiés donc anarchiques, qui n'a pas d'identité, fragile donc et n'est pas doté de la norme fidélisation à l'international... Une fonction que le produit algérien ne peut pas assurer». L'expert proposera, par ailleurs, des pistes pour résorber ce déficit, à travers des approches pragmatiques par rapport au produit, ensuite pour ce qui regarde l'agriculteur et enfin en ce qui concerne la transformation agroalimentaire. «Aucune des fonctions requises n'est réunie durablement, en l'absence d'un marché national normalisé», dira-t-il, avant de préciser que «l'Algérie applique ou pas ces accords d'associations, elle ne gagne rien, car nous n'avons aucun produit à faire valoir.» La fragilisation des filières de productions nationales, dépendantes des intrants à l'import et l'impossibilité de tirer profit des Accords d'association avec l'UE, l'accentuation du déséquilibre dans la balance des échanges avec elle, ont mis sur la sellette l'accord d'adhésion à l'OMC. C'est le cas de cet expert qui prône la relance de la réflexion autour de la refonte globale du secteur de l'agriculture, qui «doit appuyer sa politique sur le physique des territoires». Invité à animer les débats, Sami Agli président de la Capc, a estimé qu'«il ne faut pas diaboliser les Accords d'association avec l'Union européenne. Nous avons besoin de cet accord et nous devons pérenniser les relations bilatérales et multilatérales, avec nos partenaires européens», dira-t-il. Plaidant pour «un partenariat gagnant-gagnant avec l'Union européenne», Agli estimera qu'il «faut créer et trouver l'équilibre entre l'import et l'export», et d'ajouter: «C'est à nous de bien nous préparer et nous conformer aux normes.» Prônant un réalisme économique, le président de la Capc estimera qu'«il faut défendre un accord réalisable et exécutable». Au sujet des réformes engagées, il insistera sur la concertation avec les acteurs économiques, qui «doivent être associés aux prises de décisions», dira-t-il. «Nous ne sommes pas dans une logique de confrontation avec les pouvoirs publics», précisera-t-il. Et d'ajouter qu'«il n'est pas trop tard de faire de bonnes réformes». La responsabilité est commune. Il y a encore des lacunes dans le climat et le système de l'investissement. Revenant sur les dysfonctionnements et d'autres problèmes de gouvernance passés, il dira qu'«à un moment donné, il était plus facile d'importer des containers que d'aller investir dans des hectares de pommes de terre», pour qualifier l'opportunisme de l'époque. Au sujet des clauses à réviser, Agli dira, en substance: «Dans 10 années, il y aura des produits qui ne seront plus exportables, à cause des normes européennes actualisées, comme c'est le cas pour les empreintes carbone»