C'est face aux épreuves, à la façon de les appréhender, de les surmonter, qu'un pays peut mesurer sa résilience, mesurer ses forces et ses faiblesses. Sur ce plan l'Algérie a été servie, à l'instar de toutes les façons des autres pays de la planète, il faut le noter. Parmi les performances notables à mettre à son actif, celle de la lutte contre la pandémie de Covid 19 figure parmi les plus notables. La stratégie mise en place par les pouvoirs publics a fini par payer. Les derniers bilans fournis quotidiennement par le ministère de la Santé font apparaître qu'aucun décès n'a été enregistré depuis le 23 mars. Ce qui permet au pays de faire ses premiers pas vers une vie normale. Un objectif derrière lequel courent encore les nations développées qui ont bénéficié de gros moyens, de vaccins, notamment dont ils ont disposé en priorité dès la première heure de leur mise sur le marché. Et c'est au moment où le monde aspirait à voir le bout du tunnel qu'est venue se greffer à cette crise sanitaire, inédite que traverse l'humanité, le conflit armé russo-ukrainien qui a impacté de façon spectaculaire l'économie mondiale qui commençait à montrer tout juste des signes de reprise prometteurs après pas moins de deux années de crise qui l'ont plongée dans sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour la première fois depuis 1870, un nombre sans précédent de pays vont enregistrer une baisse de leur production par habitant, écrivait en juin 2020 la Banque mondiale dans son édition semestrielle des «Perspectives économiques mondiales». Qu'en est-il de l'Algérie? «La croissance de l'économie algérienne devrait rebondir en 2021 pour atteindre 3,4%, après le recul de son PIB l'année dernière en raison de la pandémie de Covid-19», écrivaient, en mars 2021, les experts de la Banque africaine de développement dans une note de conjoncture sur l'Algérie, intitulée «Traverser la pandémie de Covid-19, engager les réformes structurelles-automne 2020». La résilience de l'économie nationale a été attestée autant par la Banque mondiale que par le FMI. Il est vrai toutefois pour le nouveau contexte géopolitique: la guerre en Ukraine est venue chahuter ces indicateurs qui viraient au vert, sauf qu'elle intervient dans un contexte de flambée des prix du pétrole et du gaz, épine dorsale de l'économie nationale. Soit un gage de revenus substantiels qui vont permettre au pays de faire face à l'inflation des prix des produits de consommation, ceux des céréales notamment, dont il est un important importateur mondial, qui ont flambés depuis que les armes ont parlé entre la Russie et l'Ukraine, deux acteurs clés de l'alimentation mondiale. Y a-t-il des leçons à tirer de ces épreuves? Face à cette nouvelle donne géopolitique et économique mondiale, «L'Algérie doit reconstruire une économie forte pour maintenir sa sécurité alimentaire, son indépendance géostratégique et assurer la prospérité de la population», a conseillé l'économiste et expert international, Abdelrahmi Bessaha, hier, sur les ondes de la chaine 3. Qu'en est-il de cette flambée, des prix, exceptionnelle? Les spécialistes s'accordent à dire que «cette inflation pourrait durer jusqu'en 2023, le temps de résoudre tous les obstacles structurels à la reprise d'une production qui pourrait satisfaire la demande», indique l'invité de la rédaction de la Chaine 3 qui n'exclut pas le risque d'une récession de l'économie en Europe, dans le cas où le conflit s'éternise. «Les pays en voie de développement sont doublement impactés par la hausse des prix de l'énergie et des produits alimentaires et feront, eux aussi, face à un ralentissement de la croissance», a souligné Abdelrahmi Bessaha. Il faut préciser que pour l'Algérie qui exporte un peu plus de 1 million de barils de pétrole par jour, le baril de Brent, référence du pétrole algérien, se négociait, hier, à plus de 108 dollars alors qu'elle a constitué un stock stratégique des céréales, qui devrait suffire jusqu'en août 2022. D'ici là, de l'eau aura coulé sous les ponts...