Parler de Mohamed Seddik Benyahia au passé revient à réveiller une ancienne douleur probablement adoucie au fil du temps qui passe, mais certainement toujours vivace. Un souvenir éprouvant qui s'invite chaque année tous les 3 mai: jour de sa disparition tragique. Une opportunité aussi pour rendre hommage à un des plus brillants diplomates que l'Algérie a eu à enfanter. C'est à cet exercice que s'est soumis avec le talent qui le particularise le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale. Le chef de la diplomatie algérienne a retracé son flamboyant parcours exhortant les jeunes à suivre les pas de cette personnalité «exemplaire», lors d'une conférence célébrant le 40e anniversaire de sa disparition. Cette halte constitue «une commémoration importante pour l'Algérie ainsi que pour tous les peuples qui aspirent à la paix et une occasion chère au ministère des Affaires étrangères ainsi qu'à la famille diplomatique algérienne, d'autant qu'elle est célébrée au siège du ministère des Affaires étrangères qui porte le nom du martyr du devoir, Mohamed Seddik Benyahia»,a déclaré Ramtane Lamamra. «Nous nous inclinons aujourd'hui à la mémoire du martyr du devoir et de la diplomatie algérienne et mondiale, le martyr qui a voué sa vie au service de l'Algérie en tant que militant, moudjahid et fin négociateur durant la Glorieuse guerre de libération. Il était un homme de la révolution avant d'être un homme d'Etat», a-t-il poursuivi tout en soulignant que «le défunt a participé à toutes les étapes de l'édification et a joué des rôles déterminants tout au long de sa vie. Outre les postes diplomatiques importants qu'il a occupés, il a également participé à la conception et au développement des programmes, des idées et des plans mis en oeuvre à l'époque du président Houari Boumediene, contribuant ainsi aux politiques intérieures et s'acquittant brillamment de ses missions». Ramtane Lamamra a rappelé que Mohamed Seddik Benyahia a pratiqué la diplomatie avant l'avènement même de la diplomatie algérienne moderne. Une diplomatie née dans les maquis, menée par de jeunes hommes, qui a conduit à mener l'Algérie vers son destin, son indépendance de manière éclatante. Mohamed Seddik Benyahia n'avait que 22 ans lors du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954. Ramtane Lamamra évoque sa remarquable trajectoire. «Il ne ménagea aucun effort pour rassembler les jeunes Algériens sur les bancs des universités, en jouant un rôle essentiel dans la création de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA), laquelle a doté la lutte armée d'un bataillon de cadres compétents et engagés qui ont fait un travail colossal à travers le monde pour mobiliser le soutien en faveur de la Révolution de libération», a-t-il indiqué. Il occupera le poste de secrétaire général du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) il fera partie de la délégation algérienne emmenée par Krim Belkacem qui a négocié les accords d'Evian en1962. Il fait partie de la délégation algérienne aux pourparlers de Melun en 1960 avec Ahmed Boumendjel. Il est chargé de présider la réunion du Cnra à Tripoli (Libye) en 1962. Après l'indépendance, il occupe le poste d'ambassadeur à Londres puis à Moscou. Il deviendra, à l'indépendance, ministre de l'Information (1966-1970), de l'Enseignement supérieur (1970-1977), des Finances (1977-1979), et des Affaires étrangères de 1979 à sa mort jusqu'à sa disparition. Son avion, un Grumman Gulf Stream II est abattu par le tir d'un missile au-dessus de la frontière irano-turque le 3 mai 1982 alors qu'il menait une mission de paix entre l'Irak et l'Iran alors en guerre. Il périra avec une délégation du ministère des Affaires étrangères composée de huit cadres du ministère des Affaires étrangères, un journaliste et les quatre membres de l'équipage.