L'entrée en vigueur de la baisse de la production de l'Opep+ le 1er mai n'a pas permis aux cours de l'or noir de poursuivre leur rebond. Ils ont accusé depuis, trois séances de baisse consécutive. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en juillet, qui a perdu environ 7 dollars depuis le début de la semaine, reculait de 2 dollars, hier, vers 13h00 pour s'échanger à 73,32 dollars. Son équivalent américain le West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en juin, abandonnait 1,98 dollar, à 69,68 dollars. Une glissade sous la barre des 70 dollars pour la première fois depuis fin mars. Depuis la clôture de vendredi, le Brent a perdu près de 10% alors que la référence américaine a dévissé de plus de 9%. Un plongeon! La faute à qui? Le système bancaire américain est encore une fois pointé du doigt. «Les inquiétudes concernant le secteur bancaire américain ont refait surface à la suite de la deuxième plus grande faillite bancaire aux Etats-Unis depuis la crise de 2008», explique Stephen Brennock, analyste de PVM Energy. Les autorités et acteurs du secteur bancaire espéraient que le rachat de First Republic par JP Morgan lundi sonnerait, au moins temporairement, la fin des remous dans le monde de la finance mais les banques régionales restaient sous pression à Wall Street, indique-t-on. Après avoir perdu 97% de sa valeur en Bourse, la banque de San Francisco a été saisie par le régulateur et ses actifs revendus dans la foulée à JP Morgan, numéro un du secteur. Une troisième faillite bancaire depuis la chute de la Silicon Valley Bank en mars. Il faut souligner la chute de First Republic représente la deuxième plus grosse faillite bancaire aux Etats-Unis. Elle est également la plus importante défaillance d'une banque depuis la crise financière de 2008. Le baril qui avait atteint le record historique des 147 dollars le 11 juillet 2008 est retombé à 32,40 dollars au mois de décembre de la même année. De quoi réveiller d'anciens cauchemars. On en est encore loin. La saignée sera-t-elle stoppée pour autant? La baisse des cours devrait se poursuivre «jusqu'à ce qu'il devienne clair qu'une récession importante sera évitée et que la croissance de la demande mondiale de pétrole ne sera pas freinée», estime Stephen Innes, de SPI AM. D'autres facteurs le laissent penser. À commencer par les indicateurs PMI du Bureau national des statistiques (BNS), qui ont montré que l'activité manufacturière s'était contractée en Chine (second importateur mondial de pétrole), au mois d'avril, à 49,2 points (un chiffre inférieur à 50 témoigne d'une baisse), alors que les économistes attendaient une expansion. «Cela ne fait qu'ajouter au sentiment que la croissance chinoise va être irrégulière et insuffisante pour provoquer une croissance soutenue de la demande de pétrole», ont commenté, dans une note, les analystes d'Eurasia Group, pour qui ce seul facteur ne saurait permettre au Brent de s'élever «beaucoup plus haut que 90 dollars» le baril. Le marché restera aussi focalisé à la décision de la banque centrale américaine, Fed, ainsi qu'aux commentaires de son président, Jerome Powell qui devait s'exprimer hier. L'événement le plus marquant de la semaine sera cependant, le rapport sur l'emploi américain, attendu vendredi, estime Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report. «Si les données commencent à traduire (une dégradation du marché de l'emploi), alors je pense que le plancher va s'effondrer sur ce marché» de l'or noir, craint l'analyste. De sombres perspectives qui mettent l'Opep+ en état d'alerte. La question d'un baril autour des 80 dollars représente un minimum syndical pour les 13 membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 alliés. Ce niveau est un seuil critique sous lequel les cours de l'or noir ne doivent pas s'enfoncer, qui doit aussi satisfaire les pays consommateurs, est donc pratiquement non négociable. Les «23» iront-ils vers une «baisse surprise» de l'ampleur de celle de plus d'1,6 million de barils par jour décidée le 2 avril dernier? Une option qui n'est pas à exclure...