L' autorité de transition qui préside aux destinées du Mali depuis le mois d'août 2020 a mis fin hier au suspense qui entourait la date de la tenue du référendum sur une nouvelle Constitution telle que préconisée par les parties prenantes politiques et la société civile du pays. Le scrutin aura lieu le 18 juin prochain, annonce donc Bamako qui avait décidé un report alors qu'il était attendu par la communauté internationale et la Cédéao le 19 mars dernier. Mais le contexte sécuritaire particulier dans lequel se trouve le Mali, confronté à un terrorisme persistante et une crise multiforme inhérente à un climat d'insécurité générale, partout dans la région sahélienne, a immanquablement conduit à ce report. Le référendum est considéré comme une étape cruciale dans le retour du Mali à la légalité, avec des élections générales au bout desquels les civils reviendraient au pouvoir. «Le collège électoral est convoqué le dimanche 18 juin 2023 sur toute l'étendue du territoire national et dans les missions diplomatiques et consulaires de la République du Mali à l'effet de se prononcer sur le projet de Constitution», indique le décret lu à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga. Quant au personnel des forces de sécurité, il participera au vote par anticipation le 11 juin, est-il mentionné. Le scrutin pour une nouvelle Constitution résulte d'un calendrier de consultations et de réformes que l'armée, en coordination avec les partis et la société civile, avait mené dans l'objectif d'aller vers des élections générales en février 2024 pour normaliser la situation politique du pays. Si des critiques diverses ont surgi lors de l'annonce du report du scrutin et si des accusations de certains pays ont visé l'armée accusée de vouloir se maintenir par la force depuis les coups d'Etat de 2019 et de 2020, la preuve est fait que celle-ci respecte ses engagements malgré les conditions sécuritaires et socio-économiques dans lesquelles se trouve le Mali. «Les électeurs auront à répondre par oui ou par non à la question suivante, je cite: ''Approuvez-vous le projet de Constitution?'', fin de citation», a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement ajoutant que les électeurs auront le choix entre un bulletin blanc pour le oui et rouge pour le non, conformément au décret. La campagne électorale sera ouverte le 2 juin prochain à partir de minuit et prendra fin le 16 juin, également à minuit. «La date butoir reste la date que nous avons pu négocier avec la Cédéao (la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et le chef de l'Etat tient fermement au respect de cette date» de 2024, avait, rappelons-le, assuré Abdoulaye Maïga lors du report du référendum en mars. Avec le calendrier validé et la date limite de mars 2024 pour le retour des civils au pouvoir, Bamako a obtenu de la Cédéao la levée des dures sanctions commerciales que celle-ci lui a imposées, à l'instar du Burkina Faso voisin et de la Guinée, avec cette particularité que le Mali est un pays pauvre et enclavé, tributaire d'une grave crise économique et d'une menace terroriste en perpétuelle recrudescence. La Cédéao avait soupçonné les militaires maliens de vouloir diriger le pays durant cinq longues années et, compte tenu des autres coups d'Etat intervenus dans la sous-région, avait durci sans cesse les sanctions avant d'accepter leurs arguments selon lesquels il était indispensable de mettre en place des représentations de l'organe de gestion des élections à travers le pays et de vulgariser le projet constitutionnel avant l'organisation du scrutin, clé de voûte du programme de réformes engagé jusqu'en 2024 et dont la finalité est de renforcer le pouvoir du président.