Les Espagnols ont voté hier à partir de 09h00 (07h00 GMT) pour des élections législatives anticipées qui, selon la majorité des sondages, devraient confirmer l'avantage de l'opposition de droite donnée favorite face au Premier ministre sortant, le socialiste Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018. Quelque 37,5 millions d'électeurs étaient appelés à élire ou réélire pour quatre ans les 350 membres du Congrès des députés et les 208 sénateurs. Près de 2,5 millions de personnes avaient déjà voté par correspondance. Le vote qui s'est terminé à 20h00 (18h00 GMT), se caractérise par une absence de sondages au sortir des urnes, auquel cas il fallait attendre une heure de plus (19heures GMT) pour avoir les tout premiers résultats. Crédité de 12,6% des intentions de vote (15% en 2019), le parti d'extrême droite Vox est donc assuré de profiter de la débâcle de la coalition de gauche, en ami dernier, lors des élections locales, et les discussions vont bon train avec le Parti populaire (droite) pour la composition éventuelle du nouveau gouvernement espagnol. La marée de droite qui s'est faufilée dans les locales doit selon toute vraisemblance confirmer la seconde vague bleue attendue par le pays et dont le vote par correspondance qui a littéralement explosée a déjà donné des signes avant-coureurs. C'est ainsi que le site Euractiv estimait avant le scrutin que le PP pourrait obtenir 35% des voix contre 21% en 2019, ce qui ouvrirait la voie à une alliance mouvementée avec Vox. Lorsqu'en 2014 il y a eu l'implosion du bipartisme qui prévalait depuis des décennies, l'Espagne a découvert de nouvelles formations dont Podemos, à l'extrême gauche, Ciudadanos, au centre droit, et Vox à l'extrême droite. La reconfiguration a suivi et elle a conduit aux deux blocs antagonistes qui étaient hier aux prises avec les urnes. Mais la caractéristique, c'est l' incontournable obligation de gouverner en coalition. Cela, le PP d'Alberto Nunez Feijoo le sait et doit en tenir compte, surtout que le chef de Vox, Santiago Abascal, mène une politique d'entrisme musclée pour éviter à sa formation de stagner après avoir atteint ses limites. D'où l'appétit féroce d'une extrême droite qui ne veut pas des miettes du gouvernement. Au niveau régional, quatre coalitions scellées par le PP avec ce partenaire encombrant ont permis de remporter des régions comme celle deValence, et cela devrait avoir un impact positif même si Vox garde une ligne très nationaliste et anti mouvances sécessionnistes régionales, anti LGBT, anti féministe, climatosceptique et anti immigration. Sur ce plan, des mésententes peuvent apparaître, très vite. Quant à la politique étrangère, compte tenu des retombées désastreuses pour l'Espagne au lendemain du revirement suspect de Pedro Sanchez sur le Sahara occidental, au profit exclusif du Makhzen, il n'y aura pas de problème puisque les deux formations s'accordent à dire qu'elles vont remettre les pendules à l'heure. Feijoo n'a pas fait mystère de sa détermination à renouer, sans délai, avec la position légaliste de Madrid, conforme aux dispositions du droit international, même si le chantage aux migrants dont le royaume du Maroc est coutumier risque de réapparaître comme par enchantement.