Dédié au renforcement des partenariats avec le continent noir, le deuxième Sommet Russie-Afrique s'est ouvert, hier après-midi, dans une ambiance des grands jours, dans la magnifique ville de Saint- Pétersbourg qui, pour l'occasion, s'est mise en mode grisaille hivernale. Elle ne pouvait pas trouver meilleure offrande pour ses invités du jour. Belle revanche sur les folles températures africaines. Les centaines de journalistes venus de la lointaine Afrique, s'offraient à coeur joie des bains de fraîcheur, loin des canicules de cette fin de juillet. On redécouvre le plaisir de frissonner sous les douces morsures du froid. Mais à Saint-Pétersbourg, les frissons sont aussi politiques et économiques. Le Sommet Russie-Afrique qui intervient un an et demi après le début de l'opération spéciale de l'armée russe en Ukraine s'annonce en effet palpitant. Moscou n'y voit pas qu'une simple rencontre de responsables politiques et de chefs d'entreprise, mais un rendez-vous aux enjeux géostratégiques importants. Ce Sommet annonce le retour en force de la Russie dans le continent africain. Le plan d'action qui sera scellé à l'issue de cette rencontre dessinera les contours du partenariat entre la Russie et l'Afrique dans les trois années à venir. Pour donner un large écho de cet évènement, notamment sur le continent africain, les autorités russes n'ont pas fait l'économie des moyens. Au moins 140 représentants de médias, télévisions et site Online africains y participent. Soulignons à ce propos que le quotidien L'Expression est l'un des rares, sinon, le seul journal de la presse écrite nationale à être convié au Sommet. «On peut estimer que cette rencontre est un choix crucial mais juste du continent africain, qui a longtemps subi les affres du colonialisme européen qui a pillé, volé et exploité immodérément les richesses africaines. «Aujourd'hui, la Russie constitue une réelle alternative pour développer les relations commerciales et économiques sans arrière-pensées colonialistes», soutient Mohammed Yousfi, journaliste et analyste politique tunisien. Le niveau de présence médiatique n'est pas limité aux journalistes. De hauts responsables du monde médiatique en Afrique participent aux travaux. On y trouve le secrétaire général de l'Union des agences de presse de l'OCI, le directeur général de la chaîne internationale algérienne, ALG 24, le directeur du Haut Conseil de l'information égyptien. Pour donner de la consistante et surtout une perspective historique au Sommet Russie -Afrique, des descendants des anciens leaders africains ont été faits invités d'honneur de la rencontre de Saint- Pétersbourg. C'est ainsi que les petit-fils de Neslson Mandela, de Patrice Lumumba, de Gamal Abdenacer, des descendants de la famille de Ahmed Ben Bella, de Samora Machel, de Julius Nyerere participeront à une rencontre sous le thème: «L'unité africaine, origines, authenticité et avenir». Dans le même temps, ce Sommet parrainé par la chaîne de télévision Russia Today rassemblera pour la première fois des acteurs politiques, de la société civile et des hommes politiques pour débattre de relations et de l'Histoire russo-africaine. Les responsables du Kremlin ont dénoncé «les pressions exercées par les Etats-Unis et la France» sur les pays africains en vue de les dissuader à participer à cette rencontre. C'était sans compter sur l'obstination africaine décidée à prendre son destin en main et refuser le manichéisme selon lequel «si tu n'es pas avec moi, alors tu es contre moi». Le fameux «business is business» est une prose bien occidentale à laquelle lui- même, hélas, n'y croit pas. Dix- sept chefs d'Etat et 49 pays africains, des chefs de gouvernement et des ministres ont marqué leur présence au rendez-vous de Saint- Pétersbourg. Au plan strictement économique, le chiffre est impressionnant puisque ce sont près de 2600 chefs d'entreprise qui sont conviés à ce Sommet qui paraît une affirmation russe en Afrique visant principalement à accompagner l'Afrique dans l'atteinte de ses nobles objectifs 2063. En somme, le Sommet Russie-Afrique et les remous diplomatiques qui l'accompagnent ne sont qu'une réplique d'une guerre commerciale féroce entre l'Occident d'un côté, la Russie et la Chine de l'autre. Entre les deux, l'Afrique se cherche et cherche à s'affranchir de la tyrannie commerciale post- coloniale.