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La grande solitude des femmes arabes
THEÂTRE
Publié dans L'Expression le 31 - 05 - 2007

Les choses ne sont toujours pas faciles pour les femmes qui rêvent d'exercer un métier artistique.
Malgré les grands changements connus par les sociétés arabes, la condition féminine reste encore un véritable casse-tête. Au théâtre, comme en dehors de cette structure, la femme est marquée d'une charge négative. Jusqu'à présent, trop peu de filles franchissent le pas qui les mènerait vers le théâtre ou le cinéma.
La société tolère déjà, du bout des lèvres, le comédien qui vit une extrême solitude, mais n'arrive pas encore à accepter entièrement des femmes au théâtre. C'est vrai que les choses ne sont plus comme avant. L'éducation et les médias ont permis une certaine évolution.
Si aujourd'hui, on assiste à une amélioration relative du statut social des comédiennes, il était du domaine de l'impossible de les voir évoluer sur scène vers le début de l'adoption de l'art théâtral. Dans les pièces de Maroun an Naqqash, au milieu du dix-neuvième siècle, les rôles féminins étaient interprétés par des hommes. Les femmes n'étaient même pas admises dans le public. Mais la situation a commencé quelque peu à changer, d'autant plus que la Nahda, sorte d'imitation de l'espace européen, permettait certaines marges de liberté. Abou Khalil el Qabbani avait fait appel à deux actrices libanaises, Biba et Mériem, pour interpréter des rôles dans sa pièce, L'Emir Mahmoud. Zainab Fawaz joua également dans La Passion et la fidélité (1893) et étonna le public par la qualité de son interprétation. C'est à partir de cette période que les troupes s'étaient mises à recruter des femmes et à les intégrer dans leur équipe. Mais ce fut le Syro-Libanais Souleymane El Qardahi qui, le premier, avait fait jouer des femmes en Egypte. Il a commencé d'abord par “placer” sa femme et une juive, Leïla. Bennane a mis sur scène sa propre fille tandis que Rihani a recouru, également, au recrutement de son épouse. En Syrie, plusieurs femmes ont fait leur apparition sur la scène, vers les années dix. On peut citer, entre autres, les noms suivants: Victoria Hobeiqa, Alberta Haddad, Yousra Bedrane, Nadia Essayegh, Olga Ghanoum, Marie Baghdadi, Nejoua Fouad, Lamis, Leïla et Loris Qalam, Nejoua Sadqi, Charlotte Rochdi, Afifa Amine...La majorité écrasante de ces femmes était d'origine juive ou chrétienne.
Brûlée vive
A partir de la première décennie du vingtième siècle, les femmes ont commencé à s'imposer plus ou moins dans les troupes égyptiennes. Certaines d'entre elles ont même constitué leurs propres troupes: Mounira el Mehdia et Fatima Rochdi. Elles ont réussi à séduire les publics arabes lors de leurs tournées dans quelques pays arabes. Le cas de Rose el Youssef est exceptionnel. Elle a claqué la porte de la troupe Ramsès de Youssef Wahbi pour fonder un journal qui existe jusqu'à présent et qui bénéficie d'une audience respectable en Egypte et dans les pays arabes. Elle s'était imposée comme une véritable patronne de presse.
Les femmes du Maghreb ont connu les mêmes difficultés à se faire admettre sur les scènes des théâtres. En Tunisie, la troupe El Adab, créée en 1910, disposait de quelques comédiennes: Baya, Zoubeida el Djazaïria et Aïcha Essaghira. Elles jouèrent notamment en 1912 des rôles importants dans les pièces, Hernani (Hamdan), Roméo et Juliette, Othello, etc. Mais la comédienne qui a défrayé la chronique reste incontestablement Habiba Messika qui a débuté dans l'art de la scène à l'âge de quinze ans, en 1912, a interprété de grands rôles(Julie dans Salah Eddine, Desdémone dans Othéllo, Mejnoun Leila...) et a joué des personnages masculins: Roméo, Radamès dans Aïda...C'est la première femme arabe qui s'est mise dans la peau d'un homme au théâtre. Elle arrivait ainsi à inverser les choses et à s'imposer comme comédienne au sens plein du terme. Elle a été brûlée vive en 1930.
Comme au Machrek, les premières actrices étaient de confession chrétienne ou juive. Ce n'est qu'après 1912 que les Tunisiennes ont commencé à fréquenter la scène et à jouer des rôles importants. Il y avait Aïcha Sghira, Zoubida Dziria, Bahia Soraya El Kbira, Rachida Lotfi. Wassila Sabri a été la première femme à diriger une troupe dans un pays maghrébin. Ceci se passait en 1928.
Fatima Khtimi a fondé, également, deux années après, sa formation. En 1928, El Ittihad el Masrahi créait une section qui ne présentait ses pièces que pour les femmes. L'Union féminine avait mis en place, en 1951, une équipe théâtrale dirigée par la soeur de l'homme de théâtre, Mohamed Lahbib.
En Algérie, si les hommes pouvaient facilement jouer au théâtre, les femmes, quand elles le désiraient, devaient se battre contre le milieu familial et les préjugés sociaux. Il était difficile pour une femme de monter sur scène. Déjà, elle était tout simplement tolérée comme spectatrice.
Très peu de personnes de sexe féminin ont consenti à faire du théâtre dans un tel environnement caractérisé par une grande hostilité. La comédienne la plus connue de la période d'avant-guerre était Marie Soussan, une juive, qui joua dans la grande partie des pièces de Rachid Ksentini.
Elle ne fut pas la première femme à monter sur scène comme l'affirmaient quelques chercheurs.
Il y eut avant Marie Soussan, Mme B.Amina, qui joua le rôle de Zoubeida, l'épouse du prince Haroun ar Rachid dans Aboul Hassan el Moughafel d'Allalou (1927) et B.Ghazala qui interpréta Sett el Boudour dans Le pêcheur et le génie (1927) du même auteur.
Des hommes jouaient des rôles de femmes dans de nombreuses pièces. Dans Djeha (1926) de Allalou, Dahmoune interpréta Mme Tamani. Les auteurs tentaient de réduire au maximum les personnages féminins. Ils écrivaient souvent leurs pièces en fonction des comédiens disponibles.
Des Françaises, certes rares, incarnaient des personnages s'exprimant en français. Certaines danseuses avaient opté définitivement pour le théâtre. Ce fut le cas de Keltoum, la partenaire attitrée de Mahieddine Bachetarzi.
Cette période était marquée par la présentation de personnages féminins trop méchants et extrêmement rusés. Ce discours reprenait, en fait, la dimension anti-«féminine» des 1001 Nuits et l'idéologie machiste de cette époque. La lecture de certains titres donne déjà à voir une certaine misogynie et permet de mieux cerner le discours idéologique développé par les acteurs qui n'était en fait que l'expression d'une société rétrograde. La plupart des auteurs présentaient des personnages féminins foncièrement négatifs: les femmes sont rusées, méchantes et sans instruction. Certains autres acteurs tentaient, eux, de défendre le droit de la femme à l'instruction dans un environnement trop peu favorable. Aboul Hassan vivait un cauchemar avec sa femme qui le martyrisait dans la pièce de Maroun an Naqqash, Aboul Hassan el Moughafel.
Les hommes de théâtre de l'époque ne faisaient que fournir une image très négative de la femme encore non admise dans la société comme être à part entière. Elle est d'ailleurs souvent peu présente dans l'espace de la représentation et incarne trop rarement un rôle principal.
C'est autour du personnage masculin que s'articule le récit. Même des rôles qui pouvaient apporter une dimension positive au personnage féminin étaient transformés lors de l'adaptation pour y véhiculer un discours peu favorable. De très rares actrices ont pu s'imposer dans l'interprétation de personnages essentiels dans le fonctionnement de la femme.
On peut citer, entre autres, Hassiba Messika qui a incarné, pour la circonstance, des personnages masculins comme Roméo dans Roméo et Juliette et Radamès dans Aïda.
Une autre image
Mais à partir des années trente, il était relativement facile dans un pays comme l'Egypte pour une femme d'embrasser la carrière artistique. La troupe Ramsès de Youssef Wahbi comportait plusieurs femmes dont Fatima Rochdi, Amina Rizq et Rose el Youssef. Les théâtres s'ouvrent, timidement, aux femmes qui occupent des places importantes au niveau du jeu.
Ce n'est que ces dernières années que de très rares femmes ont été appelées à diriger des théâtres d'Etat. Ce qui montre que les gouvernements restent encore réfractaires à tout changement sérieux.
Si on excepte les pays du Golfe, le Yémen et le Soudan vivant encore des situations infra-étatiques, les autres pays voient les femmes, grâce à leur combat, même timide, se frayer une voie dans une sorte d'espace toujours dominé par les voix masculines. Les comédiennes occupent des places de choix dans certaines entreprises étatiques et donnent parfois à voir une image positive de la femme. C'est vrai que les changements survenus depuis les années cinquante et l'apparition de nouveaux auteurs allaient transformer la représentation théâtrale dans les pays arabes. Youssef Idriss, Rachad Rochdi, Lotfi el Kholi, Saâdeddine Wahba, Abdelkader Alloula, Kateb Yacine, Mohamed Driss et bien d'autres allaient fournir une autre image de la femme et lui accorder un espace important dans la représentation.
Dans les pièces de Kateb Yacine, elle est un des lieux centraux du récit. Youssef Idriss la place souvent dans des situations fortes. Elle constitue donc un élément central dans les réseaux thématiques. Mais elle reste encore “minorée” dans les mélodrames présentés souvent par des troupes privées qui vendent, en quelque sorte, l'objet-femme.
Si les femmes peuvent aujourd'hui, sans trop de problème, s'intégrer dans des troupes, il est utile de signaler que les théâtres manquent sérieusement de comédiennes.
Les auteurs sont parfois obligés de supprimer les personnages féminins et d'intégrer l'univers féminin dans l'espace monologique masculin. Il est presque impossible de monter, par exemple, La Maison de Bernarda Alba de Lorca ou Les Trois soeurs de Tchékhov. Il y a, certes, aujourd'hui, plus de comédiennes qu'avant, d'autant plus qu'elles sont mieux respectées et qu'elles peuvent exercer tous les métiers. On y trouve des metteurs en scène, des dramaturges, des décoratrices...


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