Le président de la FAF semble tenir ses promesses de candidat. Au-delà de l'acte, il faut voir le symbole et ce qu'il renvoie en termes d'image à tout notre football : désormais chacun est responsable de ses actes et de ses paroles... Et vlan, exit Rabah Madjer. Affaire d'Etat? Du tout. Péripétie du foot, au pire. Au mieux, nous dirons que cette situation, au-delà de ce que peut éprouver l'ex-entraîneur national, va permettre à la nouvelle équipe fédérale d'unifier ses rangs et de choisir librement un entraîneur qui s'inscrit dans sa stratégie, sa vision et ses moeurs. Il est clair que les valeurs de cette équipe ne sont pas celles des différents clans - faute de mieux appelons-les ainsi - qui ont malmené la FAF et l'image de marque de notre football. La Fédération? Qu'on se rappelle, c'était une sorte de club ouvert à tous les dépassements, le domicile de l'arbitraire, le terrain de tous les excès. Et pour y élire domicile, le seul critère exigé était celui de l'incompétence laxiste. Tous des pourris les ex-fafistes? Ne généralisons pas, on trouve, ici et là, quelques personnes de bonne volonté, mais leur poids était celui d'une plume. Que pouvaient-ils contre le système qui avalait tout ce qui sort du rang de la médiocrité et de la combine affairiste? Tout ceci pour dire que notre football avait besoin d'une autorité fût-elle sourcilleuse et jalouse de ses prérogatives. Tous les bréviaires sur la conduite du pouvoir - Mazarin, Cardinal de Retz - vous diront que le peuple accepte mieux une autorité rude et juste qu'une tutelle laxiste et gentille. Et notre foot, vu l'état dans lequel il est, a besoin d'une autorité qui le rassemble autour d'un même projet unificateur, mais aussi qui tranche au quotidien, qui décide au quotidien, qui s'engage au quotidien et qui, s'il le faut, sanctionne au quotidien. Comment faire avancer les choses si on ne moralise pas notre foot et qu'on n'installe pas un nouveau cadre où les valeurs de respect, de cordialité et d'exemplarité feront figure de sésame pour tous ceux qui appartiennent à la grande famille du foot? Revenons à Madjer et posons la question: a-t-il vraiment dérapé? Lui dit non la FAF répond oui. Retenons simplement que l'auteur de la talonnade à son talon d'Achille, c'est sa spontanéité qui lui joue souvent des tours: n'a-t-il pas déchiré en direct son contrat en 1995, alors qu'il était entraîneur national? Agréable, gentil même, Madjer, mais a-t-il vraiment pris la mesure du poste qu'il occupait? De son siège, il n'y a pas de demi-mesures: soit on est solidaire, soit on est démissionnaire. De toutes les façons on est toujours solitaire. Au-delà du débat creux de qui a tort et qui a raison - on se gardera de juger - retenons que Mohamed Raouraoua avait soutenu Madjer après le ratage de la Coupe d'Afrique alors qu'il avait une bonne occasion de mettre fin à ses fonctions. Retenons aussi que plusieurs entraîneurs de clubs ont été sanctionnés pour des excès verbaux. Ramener l'ordre et l'éthique dans le monde du football, c'est ce qu'a promis le candidat Raouraoua. Le président tient les promesses du candidat. Et si certains en pâtissent ils pourront toujours se dire qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs.