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Y aura-t-il un effet obama?
AFRIQUE
Publié dans L'Expression le 02 - 08 - 2009

Le président américain n'entend plus cautionner les responsables des Etats qui oeuvrent au maintien du statu quo, à seule fin de préserver leurs intérêts et ceux de leurs clientèles.
Le président Obama a eu raison de stigmatiser les pratiques maffieuses qui se développent en Afrique et qui étouffent toute velléité de réformes économiques et sociales. Nombre d'Etats africains ne disposent pas des moyens suffisants pour lutter efficacement contre le grand banditisme et la criminalité organisée (Centrafrique, Côte d'Ivoire, Burkina, Mali, Niger). D'autres pays privilégient la répression contre la délinquance de proximité (celle qui est aisément repérable) mais sans pouvoir s'attaquer aux véritables réseaux du crime pourvus de moyens humains, logistiques et financiers colossaux avec des ramifications en Amérique latine et en Europe du Sud, ce qui leur permet de se jouer des dispositions législatives et réglementaires et des contrôles de la puissance publique. Aujourd'hui, l'Etat algérien est engagé dans un double combat. Il doit, d'une part, lutter fermement contre la délinquance en col blanc qui a prospéré à la faveur de la libéralisation du commerce extérieur, et, d'autre part, il doit se donner les moyens de traquer le grand banditisme et la criminalité organisée (engagement solennel pris par le Premier ministre qui a déclaré récemment que «désormais rien ne sera plus comme avant» (on aimerait tellement le croire). Personne n'ignore que le crime organisé bénéficie de complicités, au plus haut niveau de l'Etat (cf. les révélations de A. Ouyahia dans la période précédant son retour aux affaires en 2007). Aussi bien, son traitement ne passe-t-il pas par une augmentation massive d'agents de la force publique et d'agents de sécurité (au demeurant indispensable, compte tenu de la montée inquiétante de la délinquance); il faudra que la justice mette directement en cause les parrains de la grande criminalité qui officient dans les structures de l'Etat ou qui y disposent de relais inamovibles. Le premier magistrat du pays dit vouloir mettre un terme à ce dangereux fléau. Si l'Algérie exprime le souhait d'un soutien logistique et technique de la part des EU, il ne fait aucun doute que le président Obama y accèdera. Mais l'essentiel réside dans la volonté politique d'assainir l'économie et de promouvoir la libre concurrence. Le président de la République insiste, à l'occasion de l'ouverture de chaque année judiciaire, sur la circonstance que nul n'est au-dessus des lois, quelle que soit sa puissance. Passons alors aux travaux pratiques avant que les Algériens ne désespèrent définitivement de leur justice. Aucun crime ne doit rester impuni, quel que soit son auteur. Ceci signifie, a contrario, que les lampistes et les cadres de l'Etat intègres (plus nombreux qu'on ne l'imagine) soient protégés par un autre principe sacro-saint, celui de la présomption d'innocence qui semble avoir été outragée dans nombre d'affaires(dont l'affaire Koudil, ancien DG de la Cnan, notamment).
L'économie de marché
Pour le président Obama, il y a perversion de l'économie de marché, dès l'instant que l'Etat s'approprie l'essentiel, voire seulement une partie des moyens de production et d'échanges. «Aucune entreprise ne voudra investir dans un pays où le gouvernement se taille une part de 20%». A cet égard, les mesures prises par le gouvernement algérien, dans le cadre du patriotisme économique, devraient encourir logiquement les foudres du président US. En réalité, ce qui compte ce n'est pas qu'à un moment ou à un autre, un Etat veuille renforcer les contrôles sur l'investissement international en général, surtout lorsqu'il prend acte de la défaillance des investisseurs à créer des emplois, à former le personnel local, à transférer les processus technologiques. Ce qui est fondamental, c'est que l'Etat fasse respecter les règles de l'économie de marché. Chaque pays doit rester seul juge de ce qui lui apporte l'investissement en termes de valeur ajoutée. Et aucun pays ne peut se résoudre à voir s'évaporer en quelques années ses réserves de change, à cause d'une réglementation ultra- libérale, surtout s'il a par ailleurs consenti à des allégements fiscaux, voire des exonérations et des exemptions qui privent le Trésor public de recettes substantielles. Ceci dit, il appartient au gouvernement de fixer le cadre dans lequel doivent évoluer les investissements étrangers. L'amélioration de l'environnement des affaires, celle des facteurs d'attractivité du territoire, la stabilité du cadre juridique, la limitation de la corruption encourageront les meilleurs investisseurs à s'implanter en Algérie (notamment américains), comme cela est déjà le cas au Maroc, en Tunisie, en Egypte et singulièrement au Ghana qui a pourtant infiniment moins d'atouts potentiels que l'Algérie. Quant à l'Etat algérien, il est garant des règles du jeu, vingt ans après la mise en place du cadre formel de l'économie de marché. C'est à lui de faire respecter les règles de la concurrence. C'est à lui d'attribuer les droits de propriété, de fixer les normes de sécurité (techniques, sanitaires, alimentaires, etc.). C'est à lui de combattre la contrefaçon qui représente environ 97% des produits proposés au consommateur algérien. Il doit laisser les autorités de régulation sectorielles (Creg, Artp, Alnaft, Cosob, ARH, etc.) accomplir leurs missions en toute indépendance, sortir de sa torpeur le Conseil de la concurrence au moment où se développent, un peu partout, les pratiques anticoncurrentielles, en attendant, si l'on n'y prend garde, que les concentrations et les abus de position dominante ne viennent à leur tour malmener le libre jeu du marché. Deux grands types de défaillances menacent l'action de l'Etat. Il y a les défaillances organisationnelles dues à une bureaucratie peu préparée à encadrer l'économie de marché et une forte inertie dans le périmètre même de l'Etat (à cause du déficit de légitimité de l'Etat par rapport à ses propres agents). Et il y a les défaillances allocatives qui sont illustrées notamment par l'incertitude de l'avenir et l'incapacité de l'Etat à s'y projeter en connaissance de cause (voir à ce propos la conclusion puis la ratification d'engagements internationaux à long terme insuffisamment mûris que l'on cherche aujourd'hui à remettre en cause) et enfin par l'ignorance (à cause d'une asymétrie dans la détention d'informations) des stratégies menées par les acteurs économiques privés et les entreprises étrangères).
Diversification de l'économie algérienne
«Il faut (...) rompre avec les vieilles habitudes. La dépendance vis-à vis des matières premières - ou d'un seul produit d'exportation - a tendance à concentrer la richesse au sein d'une minorité, laissant la majorité vulnérable à la récession». (...) Le pétrole ne peut pas simplement remplacer le cacao. De la Corée du Sud à Singapour, l'histoire montre que les pays réussissent lorsqu'ils investissent dans la société et dans leurs infrastructures, lorsqu'ils multiplient les industries d'exportation, se dotent d'une main-d'oeuvre qualifiée et font de la place aux PME créatrices d'emplois (..). Ce sont les termes mêmes du réquisitoire en bonne et due forme instruit par Obama contre les Etats rentiers, à l'image de celui de notre pays. L'Algérie est pourtant engagée, en théorie tout au moins, dans une diversification très laborieuse de son économie. Cependant, ni la suppression du monopole de l'Etat sur le commerce extérieur (février 1991) ni le processus de privatisation, (inauguré avec la loi d'août 1995), ni les nombreux dispositifs d'aide à la création d'entreprises (Ansej, Cnac, etc.) n'ont permis à notre pays de se déprendre, fût-ce graduellement, de la rente pétrolière. Il y a trop peu de création d'emplois et trop peu de création de richesses. Ce qui est pathétique réside dans l'impossibilité, au milieu des milliers de pages concoctées par les experts de tous bords, d'attribuer ce fléau à une ou plusieurs causes sur lesquelles le gouvernement pourrait agir utilement. Il a été allégué que le taux d'épargne (55%) était trop élevé par rapport à celui de l'investissement (33%), que l'amélioration des performances dans l'agriculture restait subordonnée à l'apurement préalable de contentieux liés aux droits de propriété, cependant que l'importation des produits alimentaires insultait à l'étendue des superficies arables laissées à l'abandon. Il a été également prétendu que le secteur de la construction pâtissait d'une double tare: la faible productivité du travail et l'insignifiance des salaires distribués, que l'importation de matériaux de construction était incompréhensible au regard des capacités de production inemployées (laminoirs pour la fabrication du rond à béton, cimenteries ultramodernes). En outre, il a été avancé que l'allocation des crédits bancaires au secteur privé était inadéquate au regard des besoins de l'économie, puisqu'elle privilégiait les crédits à l'import. Enfin, il a été avancé que la faiblesse structurelle de l'intermédiation financière constituait un obstacle quasi dirimant à la transformation de l'épargne des ménages et des entreprises.
Quoi qu'on puisse en penser, la diversification de l'économie reste un acte éminemment politique. Plus la part des richesses produites grâce aux activités économiques hors hydrocarbures sera grande, moins les copropriétaires autodésignés de la rente auront d'emprise sur le système économique et partant sur la société tout entière. Mais, dans le même temps, plus l'économie se diversifie et plus les attentes des acteurs sociaux en direction de l'Etat sont appelées à croître. L'Etat devra donc devenir plus efficace, plus performant et aussi plus impartial. S'il convient de se réjouir des annonces faites en matière de diversification de l'économie algérienne, il faut tout de même rappeler que le volume des exportations hors hydrocarbures est tombé à 600 millions de dollars en 2008, alors que les prévisions de la Banque d'Algérie, en 1994, étaient de 2 milliards de dollars pour l'an 2000. A l'évidence, l'Etat ne dispose pas encore des moyens d'organiser l'économie, en oeuvrant, en amont, à sa diversification. De ce point de vue, le plaidoyer de Obama en faveur de l'économie post-rentière n'est pas près de se transformer en prophétie autoréalisatrice.
Des ensembles régionaux homogènes
«Nous nous félicitons des mesures que prennent des organisations telles l'UA et la Cedeac en vue de mieux régler les conflits, de maintenir la paix et de soutenir ceux qui sont dans le besoin. Et nous encourageons la vision d'un cadre sécuritaire régional puissant, capable de mobiliser une force efficace et transnationale, lorsque cela s'avère nécessaire», a déclaré Obama au Ghana.
Cette invite pourrait parfaitement s'adresser au Maghreb dont le processus de développement est en panne depuis plus de 35 ans. Pourtant, la construction maghrébine constitue une exigence vitale. L'existence de nombreuses complémentarités, un marché intérieur de près de 100 millions de consommateurs (en y ajoutant la Libye et la Mauritanie), la nécessité d'un dialogue politique et économique avec l'UE qui serait d'autant plus fécond que les pays du Maghreb auront renforcé leur position et harmonisé leurs politiques; l'ensemble de ces éléments objectifs poussent naturellement à la réalisation de l'unité des Etats qui doit être également celle des peuples et des élites. Le fait que le Maghreb ne se soit pas encore réalisé engendre un manque à gagner considérable. On estime que les trois pays pourraient réaliser deux points de croissance de plus chaque année, s'ils parvenaient à mettre en commun leurs atouts. Imagine-t-on l'injection de quelque 300 milliards de dollars dans l'économie maghrébine dans le cadre d'un plan de relance élaboré au millimètre près, après que fussent mises à niveau les appareils de production respectifs, cogéré par les gouvernements des trois pays et une Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur- dont du reste, tous les opérateurs économiques souhaitent la mise en place rapide.
Il est clair que le président Obama ne se rendra en visite officielle dans aucun pays d'Afrique qui n'ait au préalable administré la preuve qu'il est réellement engagé dans la démocratie, le respect des droits de l'homme et la lutte contre la corruption. En cela, le président US tranche avec les pratiques de tous ses prédécesseurs. Le président Obama entend à la fois moraliser la vie internationale des affaires en mettant fin à la financiarisation débridée de l'économie, et ne plus cautionner les responsables des Etats qui oeuvrent au maintien du statu quo, à seule fin de préserver leurs intérêts et ceux de leurs clientèles. En cela, il est l'homme providentiel vers lequel tous les regards africains sont braqués.
(*) Professeur à l'Université d'Alger


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