À quelques jours du coup d'envoi de la campagne électorale des locales APC/APW, les Oranais manquent de motivation pour cette échéance du 29 novembre prochain. Lassés par les fausses promesses, les électeurs sont résignés à cautionner des élus qui n'ont ni les moyens ni le pouvoir de régler les problèmes de leurs concitoyens. “Si le maire a encore quelques pouvoirs avec la bénédiction de son chef de daïra, la présence des membres des APC est facultative, surtout dans les petites communes", dira un jeune chômeur. En effet, dépouillée de toutes les prérogatives importantes (logement, foncier, embauche...), l'Assemblée populaire communale n'applique que les décisions approuvées par la tutelle. Si à Oran l'enjeu de l'élection communale attire les convoitises, dans les petites communes (une quinzaine dans la wilaya d'Oran), seul le poste de P/APC incite les électeurs. Les plus démunis sont les premiers à se rendre aux urnes, car le choix du premier responsable de la commune est un enjeu particulier. Le couffin de ramadhan, les 3000 DA, le filet social, le logement social, l'habitat rural, les subventions des associations, les attestations de soutien de famille pour échapper au service national sont des espaces où le P/APC a de larges prérogatives. Pour plus de clarté, nous avons épluché les données d'une commune de 20 000 habitants, soit 15 sièges à pourvoir, située au sud-est d'Oran. Sur les 52 partis agréés, seuls 6 participent aux élections dans cette commune, car l'indifférence n'a pas permis de dénicher des candidats potentiels, surtout en ce qui concerne le quota féminin. Avec deux fellahs en tête de liste, un agent de bureau, un PEF de sport, les dés semblent pipés. Les électeurs interviewés ont tous mis l'accent sur les pouvoirs exorbitants du chef de daïra. “Le maire ne peut faire que ce que lui ordonne le chef de daïra, ou bien il sera révoqué par un simple rapport à la tutelle. Les élus n'ont aucun pouvoir. La preuve, une majorité d'élus de notre APC a refusé d'approuver le compte administratif de 2012 (les dépenses réelles), mais ce dernier a été approuvé par la tutelle", affirme un citoyen. Cependant, d'autres sont décidés à aller voter pour soutenir une liste dans le but de bénéficier du retour d'ascenseur. “Les entrepreneurs et fournisseurs clients permanents de la commune, les démunis, les personnes âgées sont toujours aux rendez-vous électoraux. Les autres 40, voire les 50% des électeurs, boycottent les urnes", confie un habitant bien avisé. Le maire de la commune citée, qui rempile pour un 4e mandat, a compris les failles du système. “Il a travaillé avec au moins trois chefs de daïra. Du coup, il comprend parfaitement leurs attentes", explique un père de famille. N B