Le chômage endémique, souvent imputé au marasme du secteur touristique dans la wilaya de Tamanrasset, est pour beaucoup dans la dégradation de l'environnement. Le luxuriant couvert végétal qui contrastait avec les monts basaltiques de la région se trouve actuellement en déprédation continue et risque de disparaître, eu égard au massacre et à l'abattage exagéré des arbres, particulièrement les talh (acacia) et tabarkat (tamaris), historiquement liés aux légendes de l'Ahaggar. “Les sinistrés du secteur touristique n'ont pas trouvé d'autres moyens que de se rabattre sur l'exploitation du bois pour subvenir aux besoins de leur famille. Refusant de tirer le diable par la queue, ils ont fait de cette activité un bon filon leur permettant de réaliser des recettes de rêve aux dépens d'un patrimoine floristique millénaire. Même les sites touristiques de renommée internationale, à l'exemple de Tafedest et de l'Emedir, devenus malheureusement des fabriques de charbon destiné aux boutiques de Maynama (cuisson à la braise), ne sont pas épargnés par ces exploitants et des prédateurs hantés par le gain facile. Le pire est que ces derniers, sans foi ni loi, procèdent à l'exploitation effrénée et abusive du bois en faisant appel à une main-d'œuvre subsaharienne payée à la tâche", regrette A. Mouloud, ancien tour-opérateur de la région, qui n'a pas manqué de signaler au passage que “le tourisme écologique se meurt à petit feu dans la wilaya de Tamanrasset". L'association Taourirt, de son côté, vient de tirer la sonnette d'alarme et de mettre en garde contre les retombées on ne peut plus néfastes de l'exploitation abusive de la flore sur l'équilibre de l'écosystème. “Parler du couvert forestier dans une région saharienne peut paraître saugrenu. Mais ce qu'il faut savoir est que la flore dans notre vaste wilaya est précieuse et joue un rôle écologique prépondérant. Toutefois et avec tout ce qui se passe, les espèces forestières se trouvent sérieusement menacées et on se demande vraiment où sont passés les autorités concernées avant d'en arriver à cette calamité environnementale", déplore le vice-président de l'association, Abdelkrim Touhami, en insistant sur l'implication de tout un chacun pour la préservation des espaces boisés. “Une tâche qui fut par le passé assurée par l'aménokal (chef spirituel des Touareg), qui punissait les réfractaires en leur infligeant de lourdes amendes valant le prix de trois à quatre chameaux. Les chefs de tribu ne sont pas chargés seulement de gérer les affaires des riverains, mais doivent aussi se préoccuper des espaces végétaux et soumettre les délinquants à la sentence de l'autorité traditionnelle", renchérit notre interlocuteur. Le conservateur des forêts de la wilaya, Abdellatif Zerhouni, a, pour sa part, expliqué que “les coupes illicites d'arbres sont punies en vertu de la loi 84-12 portant régime général des forêts. Ce qu'il faut savoir néanmoins, c'est que la préservation de la flore et la lutte contre l'exploitation abusive du bois ne sont pas l'apanage des services forestiers uniquement, car toutes les associations écologiques doivent s'y mettre. A cet effet, nous les invitons à collaborer avec nos éléments en mettant à leur disposition tous les moyens nécessaires. On gère un territoire vaste qui représente un quart du pays en matière de superficie. Ce n'est pas donc évident de faire face à ce phénomène, sachant de surcroît que les coupes d'arbres se font la nuit et les infractions sont par conséquent signalées tardivement. Ce qui rend inéluctablement vaines nos interventions". Parlant de chiffres, M. Zerhouni a indiqué qu'une étude a été récemment lancée pour obtenir des statistiques sur le couvert végétal de la wilaya et les différentes espèces qui y existent. R K Nom Adresse email