L'ANP confirme ainsi les changements opérés au sein de l'armée, mais sans pour autant en fournir des détails, ni des précisions. L'Armée nationale populaire (ANP), qu'on désigne souvent sous le vocable de "grande muette", un qualificatif qu'elle rejette au demeurant, a décidé finalement de rompre le silence. Dans un éditorial de la revue El-Djeich, dans sa livraison du mois de septembre, l'ANP, confinée jusque-là dans un mutisme abyssal, s'est enfin exprimée sur les derniers changements opérés au sein du gouvernement et au sein du Département recherche et sécurité (DRS-services de renseignements). "Le président de la République, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, a procédé, ces jours derniers, à un profond remaniement ministériel suite auquel un vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire a été désigné. Le changement, qui a également touché certaines administrations du ministère de la Défense nationale, intervient dans le cadre du parachèvement du processus de modernisation et de professionnalisation de l'ANP, tout en tenant compte de la situation prévalant dans la région, ainsi que des mutations qui s'opèrent tant à l'échelle régionale qu'internationale", écrit El-Djeich. L'ANP confirme ainsi les changements opérés au sein de l'armée, mais sans pour autant en fournir des détails ni des précisions. Elle suggère seulement qu'ils sont dictés par des considérations sécuritaires d'autant que les frontières du pays sont devenus un cercle de feu, et par le souci du rajeunissement des cadres de l'ANP, avec l'arrivée d'une nouvelle élite. Mais l'ANP, si prompte à réagir à Mohamed Mechati, membre du groupe des "22", lequel avait appelé récemment l'armée à prendre ses responsabilités vis-à-vis de Bouteflika dont l'absence, pour cause de maladie, avait paralysé les institutions du pays, ou encore lorsqu'il s'agit de communiquer sur quelques bilans de ratissage, n'a pas jugé opportun de commenter ces changements qui avaient ouvert la voie à toutes sortes de spéculations. Elle préfère aujourd'hui administrer des leçons à la presse et à certaines "parties". "Pourtant, force est de constater que certaines parties et certaines plumes ont traité ces questions relatives à l'ANP en faisant fi des règles élémentaires de déontologie et de l'intégrité professionnelle, à coups de présupposés et d'évaluations de la situation prévalant au sein de l'institution militaire, en s'appuyant sur des sources inconnues et non vérifiées, qui plus est n'ont aucune relation avec l'armée", écrit El-Djeich. Pour l'ANP qui se dit "institution ouverte qui communique en permanence avec les médias et la société toutes catégories confondues", ces "procédés tendancieux n'ont d'autre finalité que de chercher à déstabiliser, à semer le doute et la suspicion quant à l'unité, la force et la cohésion de l'ANP, qui n'a eu de cesse, et en de multiples occasions, particulièrement dans les moments difficiles, de démontrer son unité, ainsi que son appartenance à la patrie, et uniquement à la patrie". En décodé : elle n'obéit à aucune officine, et elle "ne roule" pour aucune institution. "Aussi, toutes ces interprétations sans fondement, qui participent d'une volonté de semer le trouble, de tromper l'opinion publique en émettant des doutes sur l'unité et la cohésion de l'ANP, sont rejetées, et il revient à ceux qui en sont les auteurs de s'astreindre au seul devoir de vérité pour préserver l'image et la force des institutions de la République, afin de relever les défis auxquels tous les Algériens sont confrontés", ajoute l'éditorial. "Au service du peuple et de la patrie, sous la direction de Bouteflika" Comme pour rappeler qu'elle a déjà été visée par des manœuvres, dans une allusion au mouvement islamiste au début de la décennie 1990, l'ANP rappelle qu'elle a évité au pays de sombrer sous les coups du terrorisme. "Le devoir de mémoire nous commande de faire une lecture objective de l'histoire et de veiller à ce que certaines vérités ne soient pas passées sous silence ou étouffées, en rappelant que l'ANP, qui a toujours été le rempart sur lequel se sont brisées toutes les convoitises et manœuvres, a apporté sa contribution décisive à la sauvegarde de la République, lui évitant de sombrer sous les coups du terrorisme barbare." Elle se félicite car la sécurité est aujourd'hui re venue grâce aux "sages" décisions du président Bouteflika. "Finalement, notre pays a pu renouer avec la paix, la sécurité et la quiétude, grâce aux sages mesures prises par son excellence, M. le président de la République, et couronnées par la réconciliation nationale." Et à ceux qui ont évoqué un prétendu démembrement du DRS ou encore une lutte au sommet entre la Présidence et l'ANP, les "verts" tentent de délivrer un message, qui ne devrait, à leurs yeux, souffrir d'aucune équivoque, autrement dit "qu'elle n'est pas une armée putschiste" et que le travail se fait en totale harmonie entre toutes les institutions. "L'ANP, héritière de la glorieuse ALN, est une institution nationale républicaine qui remplit ses nobles missions dans le strict respect de la Constitution et en totale harmonie avec les lois régissant le fonctionnement des institutions de l'Etat algérien, comme elle reste au service du peuple et de la patrie, sous la direction de M. le président de la République, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale." K. K Nom Adresse email