Après avoir renversé l'islamiste Mohamed Morsi, suite à une révolte populaire contre ce dernier et sa confrérie des Frères musulmans, l'ex-chef de l'armée et homme fort de l'Egypte, Abdel Fattah al-Sissi était assuré d'obtenir une victoire écrasante à la présidentielle 2014. Il en est sorti vainqueur avec 96,2% des suffrages dans près de 90% des bureaux de vote, selon la télévision d'Etat, un plébiscite sans surprise après qu'il eut éliminé toute opposition. Le maréchal à la retraite al-Sissi dirigeait de facto le gouvernement intérimaire qu'il a mis en place il y a 11 mois, juste après avoir destitué et fait emprisonner l'islamiste Mohamed Morsi, le premier président élu démocratiquement dans le plus peuplé des pays arabes. Il jouit d'un véritable culte de la personnalité depuis que ce gouvernement réprime dans le sang chaque manifestation des partisans de Mohamed Morsi. En effet, depuis le 3 juillet, plus de 1 400 manifestants pro-Morsi ont péri sous les balles des policiers et soldats, plus de 15 000 Frères musulmans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort lors de procès de masse expédiés en quelques minutes. La quasi-totalité des dirigeants de la confrérie, qui avait remporté toutes les élections depuis la chute de Moubarak, sont sous les verrous et encourent, à l'instar de Mohamed Morsi, la peine capitale dans divers procès. En évinçant le maréchal al-Tantaoui au profit du général Abdel Fattah Al-Sissi, nommé ministre de la Défense en août 2012, le président Morsi pensait avoir mis en branle le processus de "frérisation" de l'Etat. Il croyait même que cela permettrait de prendre le contrôle des institutions, et au premier chef de l'appareil militaire. La méthode avec laquelle le général al-Sissi a mis en état d'arrestation les chefs de la confrérie dès le renversement de Mohamed Morsi laisse penser que l'opération était planifiée depuis bien longtemps. C'est du moins l'avis de certains analystes, dont Toufik Aclimandos, spécialiste de l'armée égyptienne, qui estiment que le départ de Mohamed Morsi avait été planifié de longue date par le haut commandement militaire. M. T.