Surcoûts Plusieurs spécialistes sont sceptiques. La conjoncture actuelle caractérisée par la chute des prix du pétrole ne permettra pas la mise en œuvre de l'ensemble du programme de développement 2015-2019 de Sonatrach. La compagnie pétrolière devra arbitrer entre les différents projets et ne retenir que les projets les plus rentables. En d'autres termes, elle devra définir des priorités. Par ailleurs, la compagnie pétrolière dans cette dépression des prix du brut s'est fixé comme objectif de réduire les coûts. Le PDG de Sonatrach a affiché cette résolution lors de la conférence des cadres tenue fin septembre dernier à Hassi Messaoud et réitéré le leitmotiv lors des 10es journées scientifiques et techniques de Sonatrach tenues à Oran la semaine dernière. Une tâche beaucoup plus ardue. Elle est nécessaire, car plus on réduit les coûts, plus on maximise la rente ou les profits que la compagnie pétrolière nationale verse en grande partie à l'Etat. Plusieurs facteurs s'opposent à la mise en œuvre efficace de cette directive. D'abord le problème de gouvernance à Sonatrach. Cette question soulevée à maintes reprises n'a pas encore trouvé de réponse. En clair, avec les départs massifs des compétences (en retraite, pour d'autres compagnies étrangères), la compagnie pétrolière nationale a-t-elle aujourd'hui la masse critique de cadres expérimentés dans ses différents segments d'activités permettant de conduire efficacement ce plan de développement ainsi que le chantier de maîtrise des coûts? Plusieurs spécialistes du secteur en doutent. D'autant qu'elle reste fortement dépendante de l'ingénierie et des sociétés de service étrangères dans le développement des ressources d'hydrocarbures. Corollairement, le système de décision dans le secteur des hydrocarbures reste grippé. Entre le ministère de l'Energie, Sonatrach et Alnaft, que de temps pour avaliser une décision, d'où le grand retard dans la mise en œuvre de projets. Or les glissements fréquents dans les plannings des travaux ont un coût. Par ailleurs, le cadre réglementaire actuel qui régit le secteur des hydrocarbures n'est pas très attractif, d'où la situation d'expectative dans laquelle campe des compagnies pétrolières internationales. Cette situation n'est pas sans conséquences sur le développement rapide des ressources d'hydrocarbures du pays. D'autres facteurs ne dépendent pas de Sonatrach : les surcoûts dus à l'insuffisante chaîne logistique dont dispose le pays, la politique énergétique du pays qui ne l'oblige pas à se recentrer sur son métier de base, mais qui l'encourage plutôt à se diversifier dans des activités qui ne relèvent pas de son domaine. Résultat des courses, aussi bien pour le plan de développement 2015-2019 de Sonatrach que pour la maîtrise des coûts, il sera très difficile d'atteindre les objectifs fixés au départ. Or nos gouvernants n'ont pas encore pris conscience que c'est la rente qui est menacée à court et moyen termes si on ne réussit pas ces challenges. K. R. Lire le dossier