La jeune femme donne une description précise de son présumé agresseur, un homme portant kamis et barbe, conduisant une Renault Express bleue. Le tribunal criminel d'Oran a condamné, mardi, R. Mohamed à deux ans de prison pour attentat à la pudeur avec violence sur la personne de N. Zohra. Les faits de cette affaire remontent à avril 2015, lorsque Zohra, 29 ans, serveuse dans un restaurant, se présente devant la gendarmerie de Benfréha pour porter plainte contre R. Mohamed qui l'aurait violée et violentée dans une ferme des environs. "Il m'a abordée dans la rue et m'a demandé si je cherchais une location. Confiante, je suis montée dans sa voiture, mais au lieu de me conduire à Hassiane Toual comme prévu, il m'a menée dans un hangar désert situé dans une ferme, a abusé de moi et m'a frappée", a-t-elle affirmé. La jeune femme donne une description précise de son présumé agresseur, un homme portant kamis et barbe, conduisant une Renault Express bleue. Les investigations de la gendarmerie conduisent à R. Mohamed, 54 ans, épicier à Benfréha, marié cinq fois et père de neuf enfants. "Cette personne est effectivement venue chez moi pour demander mon aide pour une location. Je l'ai reçue avec ma femme, mais jamais je ne l'ai emmenée à la ferme ni abusé d'elle", jure-t-il en affirmant que ce jour-là, soit le 13 avril 2015, il se trouvait à Mascara. Problème : au moment des faits, la géolocalisation a situé son portable dans la région de Gdyel, soit à proximité du lieu du crime. "Je m'étais trompé de téléphone, j'avais emporté celui de ma femme", a-t-il tenté d'expliquer. Mardi, la victime, en pleurs, relate sa mésaventure pendant que l'accusé maintient ses dénégations et jure n'avoir jamais porté atteinte à l'honneur de son accusatrice. Pour la partie civile, l'affaire est entendue et le certificat médical prouve le viol, la géolocalisation situe l'accusé dans la région de Benfréha le jour du crime et la victime a reconnu son agresseur, soutient l'avocate en demandant l'application de la loi. De son côté, reprenant quasiment les mêmes arguments, le ministère public requiert dix années de réclusion criminelle contre R. Mohamed. La défense, quant à elle, évoque un piège qui a été tendu à notre client par S. Youcef, propriétaire de la ferme en question, avec lequel il est en litige. La défense s'appuie sur la thèse selon laquelle la présumée victime du viol a été manipulée par Youcef dans l'intention d'incriminer son client. Cet homme a été condamné par la justice à verser 650 millions de centimes à notre client. Et c'est pour se venger que S. Youcef a monté toute cette affaire. De quelles preuves tangibles l'accusation dispose-t-elle réellement ?, demande la défense. Le certificat médical ? Il a été établi par un médecin généraliste, alors que l'expertise médico-légale n'a constaté aucune trace. Où sont les empreintes digitales ? Où est l'expertise ADN qui établit la relation entre la présumée victime et son présumé agresseur ? Le hangar désert dans lequel Zohra dit avoir été violée est, en fait, occupé par deux familles, pourquoi l'accusation ne les a-t-elle pas interrogées ? Autant de questions que la défense a posées. "Nous avons besoin de preuves tangibles, et là, elles manquent cruellement", dénoncera l'un des avocats qui précise que "le système de géolocalisation du portable de son client situe R. Mohamed à Gdyel-ville et, ensuite, à Bir El-Djir au moment précis des faits présumés (entre 14h et 15h). Il n'était peut-être pas à Mascara, mais il n'était certainement pas à Benfréha. Ce simple document devrait acquitter notre client", termine la défense. S. Ould Ali