Pour eux, l'enquête sur cet assassinat aura été "bâclée, voire carrément viciée et détournée de son véritable but". Vingt-trois ans après, l'affaire de l'assassinat un certain 21 août 1993 à Bordj El-Bahri (côte est d'Alger) de l'ancien chef de gouvernement et ancien patron des services de la sécurité militaire (la fameuse SM remplacée par le DRS), son fils Hakim, son frère Abdelaziz (médecin), ainsi que son chauffeur et son garde du corps, Aït Mekidèche Lhachemi et Nasri Abdelaziz, est encore loin d'être close pour des membres de sa famille qui réitèrent leur revendication d'une enquête "sérieuse". Car, pour eux, l'enquête sur cet assassinat aura été "bâclée, voire carrément viciée et détournée de son véritable but". Ils reviennent donc à la charge pour réclamer l'ouverture d'une enquête judiciaire "sérieuse", pour faire la lumière sur cette affaire qu'ils assimilent à une "infamie" et, du coup, "confondre les véritables auteurs et commanditaires de ce forfait crapuleux et ignoble". Dans leur communiqué adressé à notre rédaction, les signataires, Khalef S., Khalef M. et Khalef D., dénoncent les tenants du pouvoir qui restent "sourds" à leurs multiples requêtes. "En ce 21 août 2016, nous célébrons la mémoire de nos chers disparus, nos deux frères Khalef Abdallah, dit Kasdi Merbah, ancien chef de gouvernement, Khalef Abdelaziz, médecin, notre neveu Khalef Hakim, universitaire, ainsi que leurs deux compagnons Nasri Abdelaziz et Aït Mekidèche Lhachemi, froidement assassinés, il y a 23 ans, à Bordj El-Bahri par un commando de tueurs suréquipés et surentraînés, ne laissant aucun doute sur sa véritable identité et sa nature exclusivement politique", accusent-ils, convaincus que cet acte, commis durant la décennie noire, était "politique". En d'autres termes, un acte prémédité et bien planifié. "Les dirigeants, qui ont eu à exercer des responsabilités durant ces deux dernières décennies, à quelque niveau que ce soit, doivent savoir qu'ils peuvent continuer à faire la sourde oreille, mais que nous ne renoncerons jamais à notre droit imprescriptible de revendiquer la vérité sur ce qu'il s'est réellement passé (...)", promettent les proches de l'ancien homme fort des services, regrettant que le procès de cette affaire ait été "vite expédié et réduit à une parodie". Un procès, ajoutent-ils, qui "visait essentiellement à évacuer une affaire jugée encombrante et surtout très embarrassante". Pour les défenseurs de la mémoire de Kasdi Merbah, "le concept éhonté et immoral, énoncé par de pseudo-intellectuels proches du pouvoir, selon lequel la raison d'Etat doit prendre le pas sur la justice due à tout un chacun, traduit une dérive extrêmement dangereuse, servant des intérêts personnels étroits et menant à des abus inqualifiables". Ils dénoncent, ainsi, "une pseudo-raison d'Etat" qui, soulignent-ils, "ne saurait entamer la détermination inébranlable qui est la nôtre de faire éclater la vérité et de rendre justice aux victimes, à toutes les victimes". Pour eux, c'est avant tout "une œuvre de salubrité publique". Les proches du défunt Kasdi Merbah se disent, par ailleurs, "sidérés" par le mutisme des autorités, même après les accusations proférées par d'anciens officiers à l'encontre de hauts responsables encore en vie et dont certains toujours en exercice, cités nommément dans cette affaire ! Ils restent, néanmoins, persuadés que la vérité finira par éclater. Pour eux, ce n'est qu'"une question de temps". D'où leur avertissement adressé à "ceux qui ont manigancé pour échapper à la justice et à la tenue d'un procès public juste et équitable", les invitant à "cesser de se faire des illusions" et leur rappelant qu'"aucune amnistie ne saurait les absoudre de leurs crimes". Farid Abdeladim