Le comité du prix international Omar-Ourtilane de la liberté de la presse du quotidien El Khabar a honoré pour sa 17e édition (en mai dernier) Yacine Hadj-Saleh, journaliste, militant syrien, et fondateur du site Joumhouriya.net. À cette occasion, la cérémonie de remise des prix s'est tenue jeudi à l'hôtel El-Aurassi, où étaient présents les membres du jury, notamment Zoubir Souissi (membre fondateur et ancien directeur du Soir d'Algérie), Khadidja Benguenna, Ali Djerri (directeur de la chaîne KBC), ainsi que la présidente de la fondation, Zakia Ourtilane (épouse du défunt Omar Ourtilane). Le lauréat, qui se trouve actuellement en Turquie et sans passeport, n'a pu se rendre en Algérie pour recevoir son prix. À ce propos, le président du jury, Zoubir Souissi, nous a confié qu'il était "regrettable que ce grand militant et défenseur de la liberté de la presse n'ait pas pu être parmi nous ce soir, car il aurait eu beaucoup à dire". Sur un ton solennel, l'amie et représentante de Hadj-Salah, Nadia Aïssaoui, a déclaré, avant de recevoir la récompense des mains de M. Souissi : "Je ne suis pas présente aujourd'hui uniquement au titre de mon amitié avec Yacine, mais aussi au titre d'un combat, celui de la liberté absolue ; d'opinion et de circulation. Yacine a passé 16 ans de sa vie dans des prisons en Syrie, dans des conditions inimaginables. Pourtant, cela ne se voit pas dans ses écrits." Avant d'ajouter : "Dans son livre Sortir la mémoire des prisons, il n'y a aucune haine, au contraire, beaucoup d'intelligence, d'apprentissage, et surtout beaucoup d'espoir pour l'avenir." Avec beaucoup de peine, Aïssaoui a rappelé le sombre parcours du journaliste après la révolution syrienne et son combat contre le régime d'al-Assad : "La tombe de leur mère a été souillée et profanée par les ‘Shabiha' du régime, pendant que Yacine et ses frères étaient en prison, c'est dire la violence à l'encontre de ceux qui veulent affirmer une liberté." Jusqu'à présent, le journaliste syrien, qui vit actuellement à Istanbul, continue de "subir l'irresponsabilité et la violence d'un régime sans foi ni loi". Après avoir clandestinement fui en Turquie, son épouse Samira Khalil, qui devait le rejoindre, a été enlevée à Douma (Syrie) en 2013, par l'EI. Pour rappel, le prix international Omar-Ourtilane, du nom du défunt journaliste et rédacteur en chef du quotidien El Khabar, tué le 3 octobre 1995 à Alger, récompense depuis 17 ans déjà les journalistes algériens et étrangers pour leur courage, leur combat et leur professionnalisme, à l'instar de Kamel Daoud (Le Quotidien d'Oran), Edwy Plenel (Médiapart) ou encore notre consoeur Sara Kharfi . Yasmine Azzouz