Interrogé par les gendarmes, le jeune homme, à peine sorti de l'adolescence, reconnaît les faits. Confrontés au refus des parents de les marier, Alaeddine et Fatima ont pris la plus mauvaise décision qui soit : celle de l'acte intime et ultime qui obligerait les adultes à accepter leur union. Sauf que Fatima est mineure à l'époque des faits, soit en 2016. Du reste 3 mois après cette union clandestine, Alaeddine ne se présente pas chez les parents de sa dulcinée pour demander sa main, comme cela avait été convenu. Se sentant trahie, Fatima — accompagnée de sa mère qui a été mise au courant par un cousin — se rend à la brigade de gendarmerie afin de porter plainte contre Alaeddine pour viol. Interrogé par les gendarmes, le jeune homme, à peine sorti de l'adolescence, reconnaît les faits et s'explique : "Nous avions une relation suivie et je voulais l'épouser mais comme son père s'était opposé à notre union, nous avons résolu de le contraindre à accepter." Les deux jeunes gens se rendent donc à Es Sénia, distante de quelques kilomètres de haï Nedjma, dans l'appartement d'un ami de Alaeddine où ils demeurent pendant trois jours. "Plus tard, j'ai parlé au téléphone avec les parents de Fatima. Ils m'ont dit qu'ils acceptaient de m'accorder sa main pourvu que je la leur rende." Lors de l'instruction, il apparaît que malgré son jeune âge, Alaeddine s'est déjà marié par le biais du mariage orfi (également appelé mariage coutumier) et que sa femme est enceinte ; ce qui avait conduit le père de Fatima à opposer une fin de non-recevoir à la demande du prétendant. Quand toutes les parties se rencontrent devant le juge d'instruction, Alaeddine nie avoir attenté à la pudeur de Fatima, mais réitère son désir de l'épouser. Là, c'est la mère de celle-ci qui refuse. Plus tard, devant le procureur de la République, Alaeddine reviendra à de meilleures intentions et reconnaîtra tous les faits qui lui sont reprochés. Il sera inculpé pour viol sur mineure. Lors du procès qui a eu lieu, jeudi dernier, au tribunal criminel d'Oran, Alaeddine maintient ses déclarations. Appelée à la barre, Fatima confirmera les propos rapportés par l'inculpé sur les circonstances de cette malheureuse affaire, n'apportant rien de nouveau. "J'ai attendu pendant 3 mois qu'il se présente à mon père, mais il n'a pas daigné le faire", a-t-elle déclaré pour justifier le dépôt de plainte. Dans son réquisitoire, le ministère public s'appuiera sur les aveux de l'inculpé, ses antécédents judiciaires (déjà condamné pour des affaires de stupéfiants et de vol) pour réclamer 10 années de réclusion criminelle. La défense, intervenant dans le cadre de l'assistance judiciaire, s'est attardée sur ce fléau social qui prend de l'ampleur, la responsabilité engagée des parents des mineurs et la jeunesse de son client (20 ans) pour plaider les circonstances atténuantes. M. Alaeddine sera finalement condamné à 7 années de prison ferme. S. Ould Ali