Aucun des accusés ne reconnaît les faits, plusieurs nient connaître leurs voisins de box et certains déplorent avoir été maltraités par la police. Six hommes ont été condamnés, à Oran, à huit ans de prison pour détention et commercialisation de produits stupéfiants, selon l'article 17 du code pénal. Deux autres présumés complices, qui se trouvent en fuite, ont écopé de la réclusion à perpétuité. Les six accusés étaient initialement poursuivis pour des faits nettement plus graves, à savoir l'importation et le trafic de drogue en bande criminelle organisée, crimes passibles de la détention à perpétuité. Mais, à l'issue du procès qui s'est tenu dimanche, la cour a décidé que l'accusation n'avait pas présenté des preuves matérielles pouvant soutenir les accusations citées par les articles 19 et 17 (alinéa 3). Les faits remontent à l'automne 2015 lorsque les services de police reçoivent un appel sur le numéro vert (1548) selon lequel des trafiquants commercialiseraient de la cocaïne et des amphétamines à travers Oran, notamment dans les boîtes de nuit. Après surveillance des suspects, la police monte une opération qui lui permet, le 8 septembre, d'interpeller à différents endroits de la ville huit personnes – dont certaines en flagrant délit de détention de produits stupéfiants – et de saisir 1200 comprimés d'ecstasy et environ 40 g de cocaïne. Deux suspects glissent entre les mailles du filet et s'évaporent dans la nature. À l'issue de l'instruction, deux accusés bénéficieront d'un non-lieu et les six autres seront inculpés de trafic de drogue en bande organisée. Lors du procès, R. Imad, 34 ans, Ben. Mohamed, 35 ans, Bet. Fethi, 33 ans, M. Khelifa, 38 ans, Kh. Fayçal, 41 ans, et Bo. Abdelkader, 27 ans, ont tous nié leur implication dans un réseau de trafic de drogue comme le soutient l'accusation. Chacun reviendra sur les détails de son arrestation pour dire que les stupéfiants, trouvés majoritairement dans des voitures, ont été laissés là par une tierce personne ou appartenaient à des clients. C'est le cas notamment de Imad, pizzaiolo la journée et transporteur clandestin le soir, qui affirme que les 580 comprimés d'ecstasy trouvés dans la Picanto maternelle ont été laissés là par un client descendu recharger son téléphone. Ben. Mohamed, dans la Chevrolet duquel 695 cachets de même marque ont été saisis, jure, quant à lui, qu'il ignorait ce que le sachet contenait, un dénommé Bel. Saïd (un des fuyards, Ndlr) lui ayant recommandé de ne pas l'ouvrir et de le lui garder. Bet. Fethi, chez lequel les 40 g de cocaïne ont été découverts, soutient, lui, qu'il ne savait pas que "la petite boîte" que M. Khelifa, Maghnaoui en visite d'agrément à Oran, lui avait demandé de garder contenait de la drogue. Ce que Khelifa niera naturellement lors de sa déposition. Bref, aucun des accusés ne reconnaît les faits, plusieurs nient connaître leurs voisins de box et certains déplorent avoir été maltraités par la police. Ces dénégations n'empêcheront pas le représentant du ministère de réclamer, dans un réquisitoire lapidaire, la réclusion à perpétuité pour l'ensemble des accusés confondus, selon lui, par le corps du délit, les aveux dans les bureaux de la police et le listing des appels téléphoniques qui établit la connexion entre les membres d'un même réseau. Les avocats de la défense baseront leurs plaidoiries sur l'absence de preuves matérielles reliant leurs clients à la drogue saisie (les accusés sont les victimes des gros bonnets, soutient une avocate) et le manque d'éléments de preuve étayant l'accusation d'importation de stupéfiants et de produits psychotropes ni que l'on soit en présence d'une bande criminelle organisée. S. Ould Ali