Daigner aujourd'hui appeler à la solidarité de toute la nation, "par-delà les clivages, y compris politiques", c'est se résigner implicitement à reconnaître son échec. L'Algérie va encore une fois s'engager dans une phase de transition, à la faveur du plan d'action du gouvernement présenté hier en Conseil des ministres qui préconise de nouvelles réformes. Pour ce faire, le président de la République, qui relève la difficulté actuelle pouvant, en cas d'échec de ses réformes, conduire vers une situation économiquement et socialement dangereuse, appelle à un "consensus" et "une solidarité" de tous les acteurs économiques, politiques et sociaux. "Il appartient donc à chacun de nous, par-delà tout clivage, y compris politique, de s'associer à la préservation de l'indépendance économique et financière du pays par l'adhésion aux réformes et aux efforts que cela requiert", a affirmé le président de la République lors de son intervention au Conseil des ministres. Ainsi décliné, il ne s'agit plus d'une invitation ou d'une offre, particulièrement pour les partis politiques, mais d'une obligation à adhérer à ses réformes au risque de se retrouver confronté à une situation dangereuse. À charge également pour le gouvernement, a souligné le président de la République, "d'accompagner ses efforts d'une communication dynamique afin d'expliquer les sens véritables des réformes qui seront mises en route à l'effet de faire adhérer la société en cette phase où le pays est confronté à de nombreux défis". En clair, le Président intime l'ordre au gouvernement de communiquer (de dire la vérité, selon la formule d'Ahmed Ouyahia, SG du RND) pour que la société puisse saisir les enjeux de cette nouvelle transition et partant accepter les sacrifices qui en découleront. Parce que c'en sera fini avec les mesures populistes qui ont marqué sa gestion depuis son élection en 1999. Il a indiqué par ailleurs que "les partenaires sociaux et le gouvernement sont en devoir de faire preuve de solidarité et de coordination, pour garantir la progression des réformes dans la paix sociale", reprenant ainsi l'appel qu'il leur a lancé dans son message du 20 août dernier. Il s'agit, en définitive, d'un retour à la case départ pour reprendre les réformes jamais menées jusqu'à leur terme. Surtout que celles-ci ont été stoppées suite à l'embellie financière conséquente à la hausse des prix du pétrole. Jusqu'en 2014, date de début du fléchissement des cours du pétrole, en termes de gouvernance, il n'a été question que de redistribution de la rente. Et à travers une gestion unilatérale qui n'a tenu compte ni des avis des partis politiques, notamment ceux de l'opposition marginalisés, encore moins des avis des experts. Aussi, ces partis sont invités sous injonction à adhérer à la nouvelle démarche du gouvernement pour sortir le pays de la zone rouge et relancer l'économie. Un paradoxe pour un pouvoir qui ne les a jamais associés à aucune décision majeure. Et c'est forcé que le Président les appelle aujourd'hui au même titre que les partenaires sociaux et économiques ainsi que la société à se préparer à subir le choc qu'induiront les douloureuses réformes actualisées après une dizaine d'années de tergiversations. Daigner aujourd'hui appeler à la solidarité de toute la nation, "par-delà les clivages, y compris politiques", c'est se résigner implicitement à reconnaître son échec. L'échec de ses options économiques et de ses différents programmes depuis 1999. Echec aussi du système qui n'a concédé aucune parcelle de son pouvoir qui se retrouve maintenant enclin à jouer la carte "patriotique" de l'unité nationale à préserver, de la démocratie ainsi que "l'indépendance financière". Djilali B.