Après ses attaques virulentes contre l'opposition jeudi dernier à l'APN, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui s'exprimait hier devant le Conseil de la nation, est revenu à de meilleurs sentiments, en tendant la main à l'opposition. "Nous sommes prêts à travailler avec toutes les forces de la nation capables de nous aider à surmonter la crise que traverse notre pays. Ainsi, je veux profiter de cette tribune pour dire que la main du gouvernement reste tendue à toute l'opposition et les portes du Premier ministère ainsi que celles de tous les ministères lui sont ouvertes", a-t-il souligné, en liminaire à ses réponses aux sénateurs. M. Ouyahia veut-il réellement se réconcilier avec l'opposition ? Pas si sûr, à l'entendre affirmer encore que les partenaires privilégiés de son gouvernement et du pouvoir restent d'abord les partis de "la majorité présidentielle". "Bien sûr que nos premiers partenaires restent les partis qui soutiennent le programme du président de la République", a-t-il réitéré, s'en prenant au passage à ceux qui critiquent les programmes initiés par Bouteflika et/ou nient les réalisations de l'Etat algérien durant ses vingt ans de règne. Il a qualifié ainsi, les opposants à la politique de Bouteflika de "partisans du ministère de la parole". Point avare quand il lui faut faire l'éloge du chef de l'Etat, le Premier ministre a affirmé qu'"en 1997, des Algériens mouraient devant les regards indifférents de la communauté internationale, mais aujourd'hui, l'Algérie est citée dans le concert des nations comme l'exemple de la lutte antiterroriste. En 1997, notre pays était endetté auprès du FMI dont le plan de réajustement structurel avait conduit à la fermeture de quelque 1 000 entreprises publiques et au licenciement de quelque 400 000 travailleurs et le chômage avait atteint les 20%. En 2017 nous n'avons plus aucune dette extérieure et le chômage a baissé à 12% (...)." Ahmed Ouyahia a estimé que "le peuple est redevable à Bouteflika". À ceux qui, et ils sont nombreux, se demandent comment ont été dépensés quelque 1 000 milliards de dollars durant les quatre mandats de Bouteflika, il répond ainsi : "Le peuple a la réponse. Il sait où sont partis les 1 000 milliards." Ahmed Ouyahia n'a pas manqué de s'attaquer par ailleurs à ceux qui "ont rêvé cet automne de la faillite de l'Etat, mais leurs rêves se sont vite évaporés", allusion aux acteurs politique et autres expert qui ont alerté sur la crise économique qui affecte le pays. Ahmed Ouyahia mise essentiellement sur la planche à billets pour faire face à cette crise, en permettant à l'Etat de continuer à payer les employés et les retraités, mais aussi les factures de certains opérateurs économiques vivant de la commande publique. Farid Abdeladim