La présence à Bruxelles du président catalan destitué a provoqué de virulents échanges entre les responsables politiques espagnols et belges. Le président du gouvernement régional de Catalogne (Generalitat), Carles Puigdemont, ainsi que quatre autres de ses ministres, tous destitués par Madrid, ont été relâchés dans la nuit de dimanche à hier, après leur audition par la justice belge, mais ils sont obligés de rester en Belgique, ont rapporté les médias locaux. Dans une première réaction, hier matin, M. Puigdemont, sous le coup d'un mandat d'arrêt européen lancé par Madrid, a écrit sur le réseau social Twitter : "Libre et sans caution". Et d'ajouter : "Nos pensées sont pour les collègues injustement emprisonnés par un Etat qui est loin de la pratique démocratique", a-t-il ajouté, en référence à l'inculpation et au placement en détention en Espagne d'autres anciens membres de son gouvernement destitué, accusés par les autorités espagnoles de "rébellion". La justice belge dispose de deux semaines pour se prononcer sur l'exécution du mandat d'arrêt émis par Madrid. Mais en attendant, la tension est montée d'un cran entre les responsables politiques des deux pays qui se sont échangés des propos virulents, alors que le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a rappelé qu'il revient à la justice de décider de la suite à donner à la demande d'extradition des autorités espagnoles. Interrogé en Inde, où il est en visite, le chef de la diplomatie belge a affirmé que "c'est aux autorités judiciaires de faire leur travail", a rapporté le quotidien bruxellois La Libre. "Les autorités judiciaires sont à même de mener les procédures à leur terme de manière tout à fait indépendante. C'est aux magistrats de se prononcer", a-t-il ajouté, soulignant que son pays reste ouvert à tout dialogue avec l'Espagne. Dimanche, le Parti populaire du Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy s'est ouvertement attaqué au vice-Premier ministre N-VA, Jan Jambon, qui s'est interrogé sur la gestion par Madrid de la crise catalane. "Qu'ont-ils fait de mal ?", s'est interrogé en effet M. Jambon, à propos de Carles Puigdemont et des autres leaders catalans indépendantistes, provoquant ainsi la colère du PP espagnol. "Simplement appliquer le mandat qu'ils ont reçu de leurs électeurs. Je me pose donc des questions", lui a répliqué Esteban González Pons, le porte-parole du Parti populaire (PP) espagnol et vice-président du groupe Parti populaire européen (PPE) au Parlement européen, dans un communiqué, dont des extraits ont été repris par l'agence de presse belge Belga. Les déclarations de M. Jambon sont qualifiées, entre autres d' "irresponsables et dangereuses pour le maintien d'une coopération nécessaire entre Etats membres de l'Union européenne", lit-on encore sur les sites d'information bruxellois. Par ailleurs, la presse belge, citant les médias catalans, a affirmé que plus de 200 maires de la Catalogne seront dès aujourd'hui à Bruxelles pour tenter d'expliquer la crise catalane et fournir à ceux qui voudraient les écouter des "informations de première main" sur l'avenir de cette région. Lyès Menacer