Résumé : Des brigands avaient attaqué un homme. Mohamed vole à son secours. Ce dernier n'était autre que l'homme qu'il avait rencontré au café le premier jour de son arrivée en ville. Cette fois-ci, il veut l'engager à son service. Mohamed hoche la tête. -Oui. Si nous devons travailler ensemble, autant mettre tout d'abord ces choses au point. L'homme soupire. -Mon fils, je n'ai plus mes 20 ans. Et voilà des années que je cherche quelqu'un sur qui compter pour me libérer de certaines tâches assez encombrantes. Je vais te demander de me seconder dans mes affaires et de prendre en charge mes magasins. Ne t'en fais pas, je vais t'apprendre toutes les ficelles du métier. Et bien entendu, nous nous partagerons les bénéfices. -Tu veux dire que j'aurais la moitié des marchés ? -Pas exactement. Il faut bien que je mette quelques sous de côté, mais tu auras un bon pourcentage. -Combien ? Si L'Bachir se met à rire. -Dis-donc toi le campagnard, tu sais négocier. A priori tu feras un bon commerçant. Il se tait un moment et semble réfléchir puis reprend : -Mohamed, mon fils, je vais te proposer jusqu'à 30% du négoce. -C'est-à-dire ? -Eh bien, c'est simple à calculer. Sur chaque marchandise que nous écoulerons, tu auras presque le tiers de l'affaire. Cela te va ? Mohamed réfléchit un moment. L'homme semblait sincère, et sa proposition honnête. Et puis d'ailleurs, pourra-t-il dénicher un boulot plus intéressant ailleurs ? Il en doutait. Les temps n'étaient plus au beau fixe, et la ville est un labyrinthe qui finira par l'engloutir s'il ne se décide pas rapidement à accepter l'offre de Si L'Bachir. Il relève la tête et sourit. -Je crois que la providence a déjà décidé pour moi, Si L'Bachir. -Tu veux dire que tu acceptes ? -Je n'ai pas le choix. Et puis ton offre est honnête, je pense qu'il vaut mieux prendre ce qui se présente. Des occasions telles que celles-là ne risquent pas de se représenter de sitôt. -Tout à fait. -Alors je prends ce boulot que tu me proposes, Si L'Bachir. -Eh bien, félicitations, mon fils. Il se lève et le prend dans ses bras. -Mon fils, tu me rends heureux. Je sais que désormais je pourrai dormir sur mes deux oreilles. -Tu ne sais pas encore à qui tu as affaire, dit Mohamed sur un ton malin. -Je ne veux pas le savoir, car je sais reconnaître le bon grain de l'ivraie. J'ai le triple de ton âge et mon expérience dans la vie ne date pas d'hier. Mohamed rit, puis reprend son sérieux et lance d'une voix émue : -Tu ne seras pas déçu, Si L'Bachir. Je serai ton ombre, et je te seconderai dans toutes tes affaires. Tu peux compter sur moi. Contents, ils sirotèrent leur café, et le nouveau patron leur fera ensuite visiter ses magasins. Mohamed et Ali n'en revenaient pas. L'homme était riche. Bien plus riche qu'ils ne le pensaient. Il gérait plusieurs commerces, et ses marchandises s'écoulaient bien. Il avait acquis une excellente réputation dans la ville, et était sollicité par des commerçants de la haute sphère, qu'il approvisionnait régulièrement. -Tout ce que tu vois là, Mohamed, je l'ai gagné moi-même à la sueur de mon front. J'avais à peine 14 ans quand je me suis lancé dans le commerce. Mon père venait de mourir, et j'ai dû trimer dur pour la survie des miens. Mais Dieu a été clément et m'a permis de réaliser toutes mes ambitions. Je lui rends grâce. Aujourd'hui, je suis définitivement à l'abri du besoin. Mohamed acquiesce. -Je comprends. La chance sourit toujours aux plus hardis. Ce n'est pas le cas de Ali. -Ali ? -Oui. Ali aussi cherche du travail, et je m'apprêtais à lui en proposer. -À lui proposer quoi ? -Du travail. Enfin un boulot assez simple. Je voulais louer une carriole et lui apprendre à conduire un cheval pour transporter des marchandises à travers la ville. -Hein ? Si L'Bachir écarquille les yeux. -Tu m'étonneras toujours, Mohamed. Tu es toi-même au chômage et... -Je sais, mais ne devrions-nous pas aider ceux qui sont bien moins lotis que nous ? Ali a deux sœurs et sa mère qu'il doit prendre en charge, alors que moi... (À SUIVRE) Y. H.