Le coup d'envoi de la 15e édition de la fête du bijou d'Ath Yenni (Tizi Ouzou) a été donné, avant-hier jeudi, au CEM Larbi-Mezani, en présence des autorités locales ainsi que de nombreux artisans, habitants et visiteurs. Si pour les nombreux visiteurs, cette fête constitue une occasion pour, à la fois, découvrir les nouveaux modèles de bijoux, fruits du génie et talent des bijoutiers d'Ath Yenni, et meubler ces ennuyeuses journées estivales, pour la centaine d'artisans participants, cette 15e édition est plutôt une nouvelle occasion pour exprimer leur inquiétude au sujet du devenir de ce métier plus que séculaire, d'autant plus que cette année, la fête s'est déroulée en l'absence de l'association locale des artisans bijoutiers qui est en phase de restructuration. En effet, selon des artisans rencontrés sur place, le problème de la matière première est la contrainte majeure à laquelle sont confrontés les artisans bijoutiers qui font appel, à ce jour, et depuis des années, au marché noir pour se ravitailler en argent et en corail, et ce, à des prix élevés. Ces bijoutiers font face aussi à l'absence d'un circuit de vente alors que la qualité des bijoux est très prisée à l'échelle nationale et même internationale. Dans ce sillage, le P/APC d'Ath Yenni, Smaïl Deghoul, tout en annonçant le début des travaux de réalisation d'un musée et d'une maison du bijou dans sa commune, a interpellé les pouvoirs publics afin d'initier des salons itinérants pour la vente de bijoux sur tout le territoire national et de revenir sur les contraintes auxquelles sont confrontés les bijoutiers, à savoir le manque de matière première. S'exprimant également à l'ouverture de la manifestation, le président d'APW, Youcef Aouchiche, a réitéré la disponibilité de l'assemblée qu'il préside à encourager cette fête, dont les artisans, et malgré les difficultés, continuent à sauvegarder jalousement ce métier symbole de toute une région. "Malgré les contraintes, ces artisans bijoutiers n'ont pas abdiqué, ce qui démontre leur attachement à ce métier et à nos valeurs ancestrales", alors que le wali de Tizi Ouzou, Mohamed Bouderbali, qui a donné le coup d'envoi de la manifestation, a évoqué l'apport de l'Etat dans l'encouragement des artisans bijoutiers, en particulier, et de l'artisanat en général, tout en appelant les artisans à se constituer en association ou en coopérative afin de mieux s'organiser et de bénéficier de différentes facilités accordées par l'Etat. "La bijouterie revêt, certes, un aspect culturel, mais elle doit pouvoir assurer un rôle économique dans la région. Produits très recherchés, les bijoux d'Ath Yenni peuvent prétendre à être placés au plan international, comme de nombreux produits de l'artisanat qui ont déjà acquis une renommée lors d'expositions de haut niveau, organisées dans de nombreux pays, tels que la France, l'Allemagne, le Portugal", a souligné M. Bouderbali, tout en précisant que "le développement de la bijouterie, comme d'autres produits artisanaux, bénéficie d'un intérêt particulier de la part des pouvoirs publics qui n'ont pas lésiné sur les moyens à engager pour assurer sa promotion. À titre illustratif, 92 artisans ont bénéficié d'une enveloppe financière qui avoisine 34 000 000 DA sur le Fnpaat". Et de conclure : "S'ajoute à cette aide appréciable l'attribution de nombreux locaux à usage professionnel. Bien plus, pour la seule région de Beni Yenni, 152 bijoutiers ont été inscrits au registre des arts et métiers (RAM)." K. Tighilt