En prévision des élections sénatoriales partielles prévues le 6 novembre prochain, le président américain regagne du terrain pour empêcher les démocrates de devenir majoritaires au Congrès. Le Canada et les Etats-Unis ont annoncé dimanche soir, une demi-heure seulement avant l'expiration de l'ultimatum fixé par Washington, "un accord de principe, de concert avec le Mexique" pour réformer le traité de libre-échange qui lie 500 millions de Nord-Américains. L'Aléna devient "l'Accord Etats-Unis/Mexique/Canada (AEUMC), un accord commercial de grande qualité qui donnera lieu à des marchés plus libres, à un commerce plus équitable et à une croissance économique solide dans notre région", ont déclaré Ottawa et Washington dans un communiqué conjoint. Donald Trump s'est alors empressé de saluer hier un "nouvel accord commercial magnifique". Il faut dire que cet accord tombe à pic, puisqu'il permet au président américain de se replacer surtout dans la perspective des prochaines élections sénatoriales partielles. Il a misé gros sur cet accord, qui pourrait modifier la donne d'ici le 6 novembre prochain, date des élections de mi-mandat, car les démocrates étaient donnés favoris pour reprendre la majorité au sénat et du coup contrecarrer tous ses plans. Il a d'abord forcé la main aux Mexicains en août dernier avant d'en faire de même avec les Canadiens hier pour aboutir à la renégociation du vieil accord de l'Aléna (1994), qu'il a toujours dénoncé comme un accord "désastreux" pour l'économie américaine, estimant qu'il avait fait perdre des millions d'emplois au secteur manufacturier américain, en particulier l'automobile. Le président des Etats-Unis souligne que le nouvel accord "ouvre des marchés à nos agriculteurs et notre industrie et réduit les barrières douanières vers les Etats-Unis et va rapprocher les trois grandes nations...". En d'autres termes, c'est une victoire pour l'industrie et l'économie américaines, qui lui permet de gagner des points au sein de l'électorat en prévision du renouvellement partiel du sénat. C'est une bouffée d'oxygène à l'approche de ce rendez-vous électoral crucial, après plusieurs revers judicaires internes, d'autant plus que Trump a fait face ces derniers temps à des attaques en règle sur de nombreux points, dont la dernière en date a eu lieu lors de l'Assemblée générale des Nations unies pour sa politique unilatéraliste. La justice américaine avait notamment remis en cause ses décisions sur l'immigration et aussi causé de nombreux soucis à son administration dans le cadre de l'enquête du procureur Mueller sur une éventuelle ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine, qui l'avait porté au pouvoir en novembre 2016. Reste à savoir maintenant si ce succès économique sera suffisant pour modifier la donne le 6 novembre prochain lors des élections sénatoriales partielles, qui devaient redonner la majorité aux démocrates au sénat. Merzak Tigrine