La ville de Paris a finalement mis à exécution la résolution du Sénat français de 2012 sur l'édification d'une stèle en hommage aux victimes des massacres du 17 Octobre 1961. La maire (PS), Anne Hidalgo, a révélé, hier, que le projet a été approuvé par sa municipalité et qu'un artiste a déjà été désigné pour édifier la stèle qui sera inaugurée l'année prochaine. Cette œuvre sera implantée à l'angle du pont Saint-Michel et du quai du Marché-Neuf dans le IV arrondissement et remplacera la plaque apposée en 2001. Selon la mairie de Paris, la plaque n'est plus à la hauteur de l'événement et ne rend pas suffisamment hommage aux victimes. "Je souhaite que dès l'année prochaine, une stèle rende à ces victimes l'hommage qui leur est dû", a affirmé Anne Hidalgo, au cours d'une cérémonie de recueillement sur le Pont Saint-Michel en présence de l'ambassadeur d'Algérie à Paris, Abdelkader Mesdoua. La maire de Paris a rappelé que "le 17 Octobre 1961, de nombreux Algériens ont été tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique", et qu'"aujourd'hui, nous célébrons leur mémoire". Outre la cérémonie d'hommage du Pont Saint-Michel, beaucoup d'autres ont été organisées hier à Paris et dans toute la France. Le Collectif du 17 Octobre 1961 a tenu la sienne sur le pont de Bezons, à Colombes, dans le nord de la capitale française. Le collectif a saisi cette occasion pour dénoncer le refus de la maire de droite, de Colombes, Nicole Goueta, d'inscrire la commémoration du 17 Octobre dans le calendrier officiel de la ville. Cette demande lui a été faite par les élus communistes qui ont déploré l'attitude de la maire, estimant que pour elle, "toutes les mémoires ne méritent pas le même honneur". Un seul maire de droite, parisien, celui d'Asnières, Manuel Aeschliman, a rendu hommage aux victimes. Il a pris part avec l'ambassadeur d'Algérie, en début de soirée, à une cérémonie sur le pont de Clichy. Dans le sud de la capitale, le collectif "Orly Devoir de mémoire 17 Octobre 1961" a organisé son rassemblement dans la ville d'Orly. Ce collectif est formé de militants de partis politiques de gauche et d'ONG. Dans un communiqué, il a souligné que la répression policière des manifestations du 17 Octobre "est une des pages les plus sombres" de l'histoire française, ajoutant qu'elle "fut féroce", avec un bilan qui comprend des milliers d'arrestations, des centaines d'assassinats et de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles et frappés à mort . "Le temps est venu, écrit le collectif, d'une reconnaissance officielle de cette tragédie dont la mémoire est aussi bien française qu'algérienne. Les victimes oubliées du 17 Octobre 1961 travaillaient, habitaient et vivaient en France. Nous leur devons cette justice élémentaire, celle du souvenir." "Reconnaître les crimes du 17 Octobre 1961, c'est aussi ouvrir les pages d'une histoire apaisée entre les deux rives de la Méditerranée. À l'orée de cette commémoration, seule la vérité est gage de réconciliation", a ajouté le collectif. S. L.-K.