Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis de faire toute la lumière sur cette affaire qui a pris une dimension diplomatique. Hier, la présidence turque a affirmé que "rien ne restera secret" dans cette affaire. Le journal turc Yeni Safak a révélé, hier, que le prince héritier Mohammed Ben Selmane était tenu informé de toute l'opération de l'assassinat du journaliste saoudien opposant, Jamal Khashoggi, par le biais de Maher Abdelaziz Mutreb, le chef du commando qui a commis ce meurtre. "Maher Abdelaziz Mutreb, connu pour être le chef de l'équipe (qui a assassiné M. Khashoggi), a été contacté 4 fois après le meurtre sauvage." Les perquisitions menées par les autorités turques au siège du consulat d'Istanbul, où a eu lieu le crime, ainsi que dans la résidence du consul, ont permis de trouver de nouveaux indices impliquant MBS. Les appels reçus par M. Mutreb sur le téléphone du consul saoudien émanent de Badir al-Asakir, le chef de bureau de MBS, selon le journal turc. Mais le chef du commando saoudien aurait communiqué avec une autre personne, dont le numéro a été identifié comme celui du frère du prince héritier, Khaled Ben Selmane, ambassadeur d'Arabie saoudite à Washington. D'ailleurs, le frère de MBS a quitté le territoire américain dès que l'affaire de l'assassinat de Khashoggi a éclaté, ont ajouté les médias turcs, alors que les enquêteurs sont toujours à la recherche du corps du journaliste saoudien disparu le 2 octobre, date à laquelle il a été vu pour la dernière fois entrer dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Ces nouvelles révélations viennent démentir la version officielle du royaume qui a du mal à convaincre, y compris dans le camp des alliés de l'Arabie saoudite, à leur tête les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Outre ces pays, l'ONU et l'Union européenne exigent que toute la vérité soit établie, alors que le président turc a déjà promis de tout déballer aujourd'hui, à l'occasion d'une réunion avec les cadres de son parti l'AKP (Parti pour la justice et le développement, au pouvoir). D'ailleurs, le porte-parole de l'AKP, Omer Celik, a enfoncé, hier, Riyad en affirmant que l'assassinat du chroniqueur du Washington Post a été planifié, contrairement à ce que voulaient faire croire les autorités saoudiennes qui évoquent une "bagarre" qui a mal tourné entre M. Khashoggi et les 15 membres du commando chargé visiblement de l'éliminer. "Nous sommes face à une situation qui a été sauvagement planifiée et des efforts conséquents ont été déployés pour dissimuler" ce crime abominable, a déclaré, lors d'une conférence de presse à Ankara, Omer Celik. "C'est un crime extrêmement complexe", a-t-il ajouté. "J'espère que tous les éléments seront mis au jour et que les responsables seront punis, afin que ce genre de choses ne traversera plus jamais l'esprit de quiconque", a-t-il poursuivi. "Depuis le début, la ligne de notre président est claire : rien ne restera secret concernant cette affaire. Sur le plan judiciaire, nous irons au fond de cette affaire. Mettre au jour tous ses aspects est notre but final", a déclaré, pour sa part, le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin, lors d'une conférence de presse. Mais pour le moment, Riyad tente de disculper son prince héritier en jouant la carte de l'acte isolé d'un groupe d'agents qui échapperaient à tout contrôle. Lyès Menacer