La grande majorité des automobilistes oranais n'hésitent plus à griller les feux rouges, rouler en sens interdit, sur les trottoirs ou à slalomer entre les files de voitures. "Non seulement, ils ne respectent pas le feu rouge, mais il en est qui vont jusqu'à user de leur klaxon pour pousser les véhicules à l'arrêt à les laisser passer !", constate amèrement un automobiliste que ces nouveaux comportements ulcèrent. Ces violations se comptent par milliers, tous les jours et partout à Oran. Et, souvent, des altercations verbales éclatent entre automobilistes ou avec des piétons, qui finissent parfois en violentes empoignades. Ceci est visible dans le centre-ville, mais aussi sur les voies périphériques qui ceinturent la cité, où les allergiques au code de la route s'en donnent à cœur joie : les voitures de tourisme transgressent facilement la limitation de vitesse (100 km/h) et certains autocars, camions et semi-remorques n'hésitent pas à rouler à l'extrême gauche de la voie. Inconscients des dangers qu'ils courent et font encourir aux autres, ils usent de klaxon et de coups de phare en direction des conducteurs qui se refusent à dépasser les 100 km/h. Ce qui rappelle l'attitude insensée d'un certain nombre de conducteurs qui, sur l'autoroute Est-Ouest, font exploser leurs compteurs pour aller flirter avec les 180 ou 200 km/h. La pression induite par plus de 300 000 véhicules en circulation (selon les chiffres de l'ONS pour l'année 2017) -parc qu'Oran n'arrive désormais plus à contenir- le manque de parkings et d'aires de stationnement, la multiplicité des sociétés de transport en concurrence (taxis et bus), l'absence d'un plan de circulation efficace, la multitude de chantiers de construction…, expliquent en partie l'anarchie qui marque la circulation à Oran. Mais pas les nouveaux rapports au code de la route que les automobilistes ont développés depuis quelques années : "Et quand vous faites remarquer à un conducteur qu'il vient de commettre une infraction, il vous répond ‘normal !'", continue notre automobiliste en estimant, à tort ou à raison, que la plupart des auteurs des infractions sont des jeunes dont le mépris pour le code reflète l'indifférence qu'ils nourrissent pour l'autorité de manière générale. Ces comportements dangereux ne génèrent pas seulement colère et amertume, mais aussi des accidents et des pertes humaines. En 2018, les services de police d'Oran ont recensé 307 accidents de la route qui ont fait 37 morts et 343 blessés, ce qui démontre que le "terrorisme routier" fait encore trop de dégâts, même si la tendance est à la baisse en comparaison de 2017, année pendant laquelle 338 accidents ont provoqué le décès de 335 personnes. Le facteur humain reste naturellement la première cause des accidents. S. Ould Ali