Les architectes urbanistes d'Oran ont organisé une marche jeudi pour protester contre la situation qui prévaut dans leur secteur et la marginalisation dont ils continuent de faire l'objet dans l'attribution des marchés et de plans de charge dans la construction et le bâtiment. "En Algérie, l'architecte n'est pas le partenaire du maître d'ouvrage et de l'entrepreneur, comme cela se fait partout ailleurs. Il est placé sous la coupe de l'entrepreneur, ce qui lui enlève toute possibilité d'exprimer des réserves lorsque le travail présente des lacunes", résume Karim Ghazi de l'Ordre des architectes d'Oran. Et de poursuivre : "La marginalisation de l'architecte et son affaiblissement ne sont pas fortuits. Ils ont été mûrement réfléchis dans le seul but de permettre le détournement de l'argent public au profit d'une minorité. Vous voyez bien que pratiquement tous les projets réalisés ces 15 dernières années ont coûté quatre ou cinq fois plus au Trésor public !" Les architectes affirment ne pas être conduits par des intérêts personnels, s'élevant contre les pratiques portant "atteinte à l'urbanisme de nos villes et à la corruption qui gangrène le secteur de l'architecture et de la construction", avait-il écrit dans un communiqué la veille de la manifestation. Les architectes, qui joignent leurs voix au mouvement du 22 février, s'inquiètent également de l'avenir de la profession. "Pour être inscrits au tableau de l'Ordre, les nouveaux architectes doivent passer un stage de 18 mois auprès d'un bureau d'architecture. Or, ces bureaux n'ont pas de plans de charge. Comment faire ?", s'interroge encore Karim El-Ghazi en déplorant que les architectes dépendent du bon vouloir des ministères : "Pour pouvoir travailler, il faut être agréé auprès de tel ou tel ministère. Or, l'architecte est indépendant." Et de revendiquer la construction en urgence d'un nouveau système dont le maître d'ouvrage sera le peuple et le maître d'œuvre l'architecte algérien.