Résumé : Mohand est surpris de la visite de Belkacem à une heure aussi tardive. Puis il comprit à son air exténué que ce dernier était parti à la recherche de sa sœur. Il lui offrit le gîte et le couvert, mais il n'était pas rassuré pour autant. Belkacem ne savait pas encore que Ghenima s'était réfugiée chez lui. Belkacem lui jette un regard et se demande s'il devrait le mettre au courant de la fugue de sa sœur. Mais il se dit que le moment était mal choisi. Mohand venait d'enterrer sa mère. Son esprit était trop préoccupé, et puis pourquoi l'alarmer. Peut-être que Ghenima est finalement rentrée à la maison ? - Je suis désolée pour ta mère. Reçois mes sincères condoléances. J'étais loin du village. C'est pour cela que je n'ai pas assisté à l'enterrement. Mohand hoche la tête. - Merci Belkacem. Ta mère et Fatiha sont passées hier. J'ai deviné que tu étais absent du village. - Oui. J'ai été voir quelqu'un. Mohand ranime le feu et reprend : - À chacun ses préoccupations. Ma mère était souffrante. La mort la délivre enfin de ses maux. - Que Dieu ait son âme. Na Aldjia était brave et généreuse. Quand j'étais enfant, elle ne ratait jamais l'occasion de me prendre dans ses bras et de m'offrir des friandises. Je l'aimais comme ma propre mère. - Que Dieu vous garde tous le plus longtemps possible. Belkacem s'essuie la bouche et se frotte les mains devant le feu. - J'ai cru que je n'allais plus jamais me rassasier. La faim est un ennemi invisible mais coriace. - Termine ta galette et ce bout de fromage. Veux-tu un peu de lait, ou bien préfères-tu une tisane ? Berlkacem lève la main. -Merci ! Merci pour ton hospitalité Mohand. Je crois que mon ventre est satisfait. Il se passe la main sur sa bedaine et sourit. - Là… Ça ne gargouille plus. Je vais moi-même préparer cette tisane dont tu parles. Où as-tu mis tes herbes ? Mohand lui indique les boîtes disposées sur l'étagère, et Belkacem jette quelques feuilles de menthe séchée dans une petite casserole. Il attendit que le breuvage soit prêt pour le verser dans deux tasses. - Tiens, mon ami, je ne sais pas si cette tisane est aussi efficace que celle que prépare ma mère, mais la menthe m'a toujours fait du bien. Mohand prend sa tasse d'une main tremblante et la dépose à côté de lui. Belkacem le regarde, puis remarque sa gêne. - Quelque chose ne va pas, Mohand ? Je sais que tu es perturbé par le décès de ta mère, mais comme tu viens de le dire, dans l'état où elle était, la mort est plutôt une délivrance pour elle. Mohand acquiesce. - Le décès de ma mère m'a, certes, causé un profond chagrin. Mais je t'avoue que ce n'est pas uniquement ce malheur qui m'a perturbé. Belkacem se hasarde. - Tu veux parler de Ghenima, n'est-ce pas ? Mohand baisse les yeux et hoche la tête d'un air triste. - Ghenima était pour moi un rayon de soleil. Quand je la voyais passer pour se rendre à la fontaine, je me sentais un autre homme. Belkacem repense à Hawa. Le matin même, il avait découvert un sentiment qu'il n'avait jamais soupçonné. Il comprenait Mohand et l'ampleur de sa tristesse. - Je ne sais quoi te répondre, Mohand. L'autre jour, tu t'es démené comme un diable devant le comité de la djemaâ. Mais les dés étaient jetés. Ce vaurien de Aïssa avait bien monté son coup. Mohand relève la tête et dresse un menton volontaire. - Et Ghenima dans tout ça ?
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