Les annonces du gouvernement, puis les convocations par la justice de plusieurs hauts responsables, la chaleur et le jeûne ont tempéré les ardeurs de certains, même si la tendance est au maintien des manifestations de vendredi. Ce 13e vendredi, à Bordj Bou-Arréridj comme à M'sila, la mobilisation est presque intacte. Malgré la chaleur, le jeûne et le quadrillage de la ville par un dispositif de sécurité, les citoyens sont là pour manifester pour un changement radical de système. Et l'un des messages forts de ce vendredi, est la réponse définitive de "Son Excellence le peuple algérien" à Gaïd Salah et son équipe, rejetant son plan de sortie de crise. À Bordj Bou-Arréridj, des groupes de parole se constituaient donnant lieu à des débats intenses sur les placettes. Un pupitre a même été installé à la place Kasser Echaâb, tribune à laquelle se sont succédé de nombreux citoyens pour commenter l'actualité politique. Une forêt de drapeaux où flottaient avec harmonie l'emblème national et le drapeau berbère, recouvrait la capitale des Bibans. La foule grossissait d'heure en heure, et après la prière du vendredi, ce sont des flots qui se sont déversés sur le centre-ville démentant ainsi, une nouvelle fois, les pronostics qui prédisaient une baisse de forme du mouvement couplé à un supposé "effet dissuasif" du Ramadhan et de la chaleur. Les chants et les slogans d'hier reprenaient quasiment les mêmes mots d'ordre "dégagistes" qu'on entend depuis quelques semaines. Un enseignant universitaire, dans un débat public, critique le fonctionnement de la justice en déclarant : "Le feuilleton des arrestations ne va pas nous distraire de notre priorité : votre départ." Et d'ajouter : "Le temps de la justice, c'est un temps long, ce n'est pas le temps médiatique. Ils ont juste voulu créer une diversion. Le problème est politique, il n'est pas judiciaire. Pour le travail judiciaire, nous avons le temps ; les dossiers, ils les ont de toute façon. L'inquiétude, c'est que le pouvoir s'entête. Et j'ai peur des dérapages qu'il pourrait y avoir le 4 juillet. À mon avis, ils vont aller aux élections." D'immenses banderoles déployées tout le long du parcours résument bien cet état d'esprit : "On ne reculera pas", "Nous ne lâcherons rien, nous sommes déterminés", ou "Non à l'élection du 4 juillet", "Le seul Gaïd (chef, ndlr), c'est le peuple". À Bordj Bou-Arréridj comme à M'sila, de grandes tables pour un iftar collectif sont prévues pour ce deuxième vendredi du mois de Ramadhan. Chabane BOUARISSA