La société civile et l'opposition tchadienne dénoncent la "défaillance" du pouvoir qui menace de rétablir la cour martiale au moment où les attaques terroristes et les violences intercommunautaires se multiplient dans le pays. Le président tchadien Idriss Déby Itno a dénoncé, mardi soir à N'Djamena, de fortes complicités locales avec le groupe terroriste nigérian Boko Haram dans la région du lac Tchad où au moins 8 attaques ont eu lieu depuis juin 2018, appelant à dénoncer tous ceux qui servent de relais aux terroristes. Il a également menacé de rétablir la cour martiale, supprimée en 1993, alors que l'est du pays est en proie à un grave conflit intercommunautaire entre éleveurs et agriculteurs. Le Tchad a aboli fin 2016 la peine de mort à l'exception des affaires de "terrorisme". "C'est la preuve que Déby est incapable de gérer le pays sans recourir à des lois d'exception (...) les conflits intercommunautaires se multiplient de plus en plus. C'est la preuve que le régime actuel est à bout de souffle", a déclaré le président de l'Union nationale pour le développement et le renouveau(UNDR), Saleh Kebzabo. Depuis plusieurs dizaines d'années, l'Est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits entre ces communautés. "Le président Idriss Deby, 66 ans, qui est depuis 29 ans accroché au pouvoir, n'a pas été capable d'instaurer la paix et la sécurité au Tchad", estime le secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement(PLD), Mahamat Ahmat Alhabo. "Déby doit se blâmer lui-même, c'est l'échec de sa gouvernance", a-t-il ajouté. Selon des chercheurs, l'augmentation de la sécheresse dans la région et la pression démographique ont intensifié les tensions liées à la transhumance. De son côté, la société civile tchadienne estime que la montée de l'insécurité est liée à une crise de l'autorité de l'Etat et à la complicité de certaines autorités décentralisées. "Dans le cas de Boko Haram (...), il faut chercher les causes profondes de la survivance et de la résistance de cette nébuleuse secte islamiste si on évoque à demi-mot une certaine complicité de nos compatriotes", estime le fondateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés (MCPL), association de défense des droits de l'Homme, Jean Bosco Manga.