"C'est l'occasion d'opérer un retour aux sources et d'initier plus particulièrement les enfants aux valeurs d'échange, de partage et de pardon", dira cheikh Farid Amara. L'Aïd El-Fitr pour cette année 2019 a été célébré mardi. Moment privilégié de retrouvailles familiales, de convivialité et de tradition, l'Aïd El-Fitr ou plus communément appelé Aïd Sghir (petite fête) en référence à la grande fête l'Aïd El-Adha, revêt pour les Bordjiens une signification particulière. "C'est l'occasion d'opérer un retour aux sources et d'initier plus particulièrement les enfants aux valeurs d'échange, de partage et de pardon", dira cheikh Farid Amara. "Dès le réveil, à l'aube, après un petit-déjeuner, je me rends à la mosquée pour effectuer la prière de l'Aïd." C'est ainsi que Youva commence sa journée de l'Aïd El-Fitr. Comme à l'accoutumée, le programme de Youva, pour cette journée, est le même depuis quelques années qu'il jeûne le Ramadan. Tout d'abord, la prière à la mosquée, ensuite, au retour, il s'attable en compagnie de toute sa famille réunie pour un copieux petit-déjeuner. Tradition oblige, pour cette journée de fête, la famille doit être au grand complet. Parents, enfants et petits-enfants, tous se réunissent autour d'un festin composé de plats délicieux, principalement sucrés. Cette fête est importante sur les plans religieux, social et familial. Elle symbolise le partage, puisque c'est l'occasion de s'acquitter de l'aumône de la rupture du jeûne ou zakat el-fitr. Zakat el-fitr est une aide, un acte de solidarité à l'égard des pauvres afin qu'ils profitent eux aussi de l'Aïd El-Fitr. Le principe est qu'elle soit remise avant la prière du matin. Toujours dans le cadre de la solidarité, plusieurs personnes reçoivent des enfants venant d'orphelinats ou de familles étrangères pour passer la journée avec eux, ou se déplacent dans les orphelinats, les hôpitaux ou les maisons de retraite pour donner de leur temps et offrir un peu de joie aux plus démunis. "Nous fêtons l'Aïd avec ces personnes et nous partageons nos repas de la journée avec eux", dira Tassaâdith, une femme au foyer, rencontrée à l'hôpital de la ville. Ces dernières années, l'habit traditionnel est à l'honneur en cette journée, tailleurs et couturiers sont sollicités dès les premiers jours du Ramadhan pour préparer djellabas, gandouras, caftans et autres tenues traditionnelles. "Les Bordjiens mettent un point d'honneur à se parer ainsi que leurs enfants de leurs plus beaux atours, même les plus démunis d'entre eux", dira Akli, père de trois enfants. C'est aussi l'occasion de voir les proches. En effet, après le petit-déjeuner, les hommes accompagnés des enfants font le tour de la famille pour leur souhaiter une bonne fête. Les femmes, quant à elles, restent à la maison pour recevoir les invités. Vêtus de vêtements neufs, les enfants sont les rois de la fête. La tradition veut, en effet, qu'on offre de l'argent aux plus petits lors de la tournée familiale. À la fin de la journée, frères et sœurs, cousins et cousines se réunissent pour faire le compte de la cagnotte et voir qui en a eu le plus. L'après-midi, les gens investissent les rues et les cafés ou encore accompagnent leurs enfants au parc d'attractions de la ville.