Le Centre d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) a organisé, hier à l'hôtel Sofitel d'Alger, une rencontre sur les expériences de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque en matière de transition économique. Durant les trente dernières années, les pays d'Europe centrale ont connu de grandes transformations politiques, économiques et sociales accélérées à la suite de leur adhésion à l'Union européenne. Dans un contexte où la restructuration de l'économie algérienne devient nécessaire, l'expérience des ex-pays communistes a montré que le processus de transition est long, complexe et difficile. Care compte s'appuyer sur ces expériences pour élaborer une feuille de route sur la transition économique qu'il compte soumettre aux pouvoirs publics. Slim Othmani, président du Care, pense qu'il faut "impérativement et rapidement" lancer un processus transactionnel, pour ne pas compromettre l'avenir de l'Algérie. "Nous avons énormément d'opportunités. Des secteurs entiers ne sont pas encore explorés. Il y a réellement de la place pour une économie en croissance et en développement", a-t-il relevé, décriant "20 ans de mauvaise gouvernance économique". Malgré les défis colossaux qu'impose le passage de l'économie planifiée à l'économie de marché, le processus de transition en Europe centrale a fini par aboutir à un développement économique remarquable. "Il ne s'agit pas de trouver des similitudes. Il s'agit de regarder quels ont été les processus qui ont été mis en œuvre pour des transitions dans des économies qui étaient initialement planifiées et qui ressemblent à l'économie algérienne, des économies d'Etat-providence et de rente", a précisé Slim Othmani. Ce dernier est conscient que "le contexte est différent", évoquant notamment le soutien de l'Union européenne à ces pays. L'objectif du Care est de comprendre les écueils que ces pays ont dû surmonter, surtout dans la mise en place de programme d'austérité, et quelle a été la réaction de la population. Pour le président du Care, l'Algérie s'achemine inévitablement vers des périodes d'austérité. Entre la thérapie de choc appliquée en Pologne et le gradualisme opéré en Hongrie, qu'elle voie choisir ? La réponse n'est pas simple. "La thérapie de choc" mise en œuvre en Pologne, qui a pris la forme du plan Balcerowicz, alors ministre des Finances, a été acceptée par la population. Cela n'a pas été le cas en Hongrie. Si la République tchèque a choisi la privatisation par coupons, la Hongrie, elle, a opté pour la privatisation de masse. Quel que soit le processus adopté, les trois pays semblent avoir réussi leur transition. C'est le cas notamment de la Pologne dont le produit national brut (PNB) est passé de 228 milliards de dollars en 1989 à 1 193 milliards de dollars en 2019. Les exportations ont augmenté de 19 milliards dollars à 262 milliards de dollars durant la même période. Après avoir enregistré une récession, la Pologne a renoué avec la croissance, affichant un taux de 4,9% en 2019.