Le secteur du BTPH se débat dans des difficultés d'une grande acuité. Dans une lettre adressée, le 10 juin dernier, au Premier ministre, Noureddine Bedoui, l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea) évoque une "situation alarmante". L'organisation patronale fait état de la fermeture de 3 200 entreprises et de la mise au chômage de 265 000 employés. Pour l'Agea, "cet état des lieux catastrophique" est le résultat direct "des énormes impayés des entreprises, de l'absence de plan de charge et du harcèlement des entreprises par les différentes caisses malgré leurs impayés". L'Agea relève, également, "le silence total" des pouvoirs quant aux différents appels au dialogue. "Nous vous informons que jusqu'à la fin du mois sacré du Ramadhan, nous avons réussi à faire patienter les entreprises pour que la saignée (fermeture et licenciement) n'affecte pas les ménages pendant le Ramadhan et l'Aïd", écrit l'Agea. Elle appelle à un "dialogue urgent avec les ministères concernés", citant notamment l'Intérieur, l'Habitat, les Travaux publics, les Finances ainsi que le Travail et la Sécurité sociale. Ce dialogue, insiste l'Agea, "prendra forme à travers des séances de travail interministérielles" sous l'égide du Premier ministre. Les dialogues et les réunions "seront sanctionnés par des procès-verbaux portant les premières mesures urgentes et exécutoires dans le mois qui suit, et d'autres qui seront applicables au maximum trois mois après", ajoute-t-elle. Elle considère que l'absence d'une réponse favorable à ses doléances est "un mépris". "De ce fait et par honnêteté envers les entreprises et envers notre pays, nous serons dans l'obligation morale d'appeler, à travers un point de presse, toutes ces entreprises à geler leurs activités jusqu'à nouvel ordre avec toutes les fâcheuses conséquences économico-sociales que cela pourrait entraîner", a averti l'Association générale des entrepreneurs algériens. "Conscients de l'immense intérêt que vous portez à l'importance de ce qui précède et devant l'urgence de la situation, nous demeurons à l'Agea confiants dans les dispositions urgentes et imminentes que vous prendrez pour remédier à cet état catastrophique", conclut l'organisation patronale. Ce n'est pas la première fois que l'Agea est montée au créneau pour alerter les pouvoirs publics sur la situation des entreprises de BTPH. Les restrictions budgétaires décidées pour faire face à l'amenuisement des ressources ont durement impacté le secteur du BTPH. La chute des revenus pétroliers a engendré le gel de la majeure partie des projets non entamés et une insuffisance des crédits de paiement pour les projets en cours de réalisation. En janvier dernier, l'Agea avait alerté les pouvoirs publics, indiquant que 35 000 entreprises offrant près de 1 000 000 d'emplois directs et indirects risquaient de disparaître progressivement "avec tout le cortège de mise au chômage et de misère que cela implique".