Au moins 11 manifestants ont été tués et près de deux cents autres ont été blessés, lors de la marche d'un million de dimanches à Khartoum et dans plusieurs villes soudanaises, selon un dernier bilan, confirmant la volonté des militaires de garder le pouvoir au Soudan. En effet, la situation de crise au Soudan se complique et le Conseil militaire de transition (CMT) semble déterminé à exécuter son plan, en jouant à la fois la carte du règlement politique et celle de la meurtrière répression de la contestation qui dure depuis fin novembre 2018. Ainsi, au moins 11 morts et 181 blessés, dont 27 par balles, ont été enregistrés dimanche suite à l'usage, par les forces de l'ordre mobilisées à cette occasion par le CMT, de balles réelles, souligne le Comité des médecins soudanais. Ce bilan qui ne peut être qualifié que de lourd, s'ajoute à celui enregistré le 3 juin dernier à Khartoum, où en voulant disperser et déloger les manifestants des alentours du quartier général de l'armée, les forces de l'ordre ont tué 128 personnes. La répression dans le sang des manifestants, cette fois-ci, a été en partie prévue par les militaires qui avaient mis en garde, la veille de la marche, les manifestants contre tout débordement. L'exécution de ce plan a été entamée, dès les premières heures de la matinée, quand les forces de l'ordre ont usé de tirs de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui affluaient en nombre dans les villes soudanaises, en particulier à Khartoum et à Omdourman. L'application de ce plan a atteint son paroxysme quand des manifestants ont voulu marcher vers le palais présidentiel à Khartoum et l'hôpital militaire à Omdurman. À Omdurman, ce sont des snipers qui ont tiré sur les manifestants, a dénoncé l'opposition. Les manifestants, pourtant n'ont, pourtant, que scandé des slogans mettant en avant leurs revendications insistant sur, entre autres, le transfert du pouvoir sans délai aux civils. Le Conseil militaire qui n'a, jusqu'à présent, pas fait de déclaration condamnant les violences d'hier, signifie clairement que "le transfert du pouvoir aux civils n'est pas pour demain" et que "le dernier mot revient aux militaires". Le CMT a même fait endosser la responsabilité des violences aux initiateurs de la marche qui, a-t-il dit, n'ont pas su en préserver le caractère pacifique. La répression de la manifestation de dimanche a été précédée par d'autres manœuvres tout aussi "violentes" et "contraignantes". Il s'agit notamment de la coupure de l'internet, du renforcement des barrages dans la capitale, la fouille des passagers, la mise sous surveillance des militants politiques, ainsi que le déploiement en nombre des paramilitaires des RSF à bord de leurs pick-up chargés de mitrailleuses. Malgré les appels de la communauté internationale, les militaires au pouvoir n'ont aucune intention de lâcher du lest et d'ouvrir une nouvelle ère de règne civil au Soudan.