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Lorsque la solidarité villageoise fait des merveilles
le village Sahel abrite la 16e édition du festival Raconte-arts
Publié dans Liberté le 20 - 07 - 2019

La grande placette du village se décline tel un tableau d'un peintre professionnel. Sur une des façades de la vieille bâtisse qui abrite le siège du comité de village, une imposante fresque de Tahar Djaout, Mouloud Mammeri, Matoub Lounès et Mohya sur fond d'un drapeau amazigh est mise en évidence, comme pour montrer l'attachement profond des habitants à leur amazighité.
À moins de 24 heures de l'ouverture officielle du désormais prestigieux et grandiose festival Raconte-arts, dont la réputation a déjà dépassé les frontières nationales depuis longtemps, le village Sahel, qui s'est proposé d'abriter sa 16e édition qui a lieu du 19 au 26 juillet, est en pleine effervescence en cette fin de journée de jeudi 18 juillet. À l'entrée de ce village que l'on gagne après 5 km en sortant de Bouzeguène, une dizaine de jeunes filles, toutes en robe kabyle, de couleur jaune pour la plupart, sont à l'accueil. Badges accrochés au cou, calepins entre les mains et sourires sur les lèvres, ces jeunes filles, qui semblent profondément impliquées dans l'organisation de cet événement, orientent les participants qui arrivent par petits groupes et leur montrent le chemin à travers une des 12 entrées conduisant vers le centre du village. Nous n'avons pas encore prononcé un mot qu'un septuagénaire se propose joyeusement, et surtout avec une dose de fierté, de nous faire visiter son village. Lui c'est Dda M'hand. Il se met devant nous pour nous conduire vers la placette du village, à travers une ruelle recouverte de pierre noire et à la propreté qui n'a d'égal que l'intérieur d'une maison. Des bacs à ordures sont déposés tout au long de ce chemin – des pancartes vertes, sur lesquelles on pouvait lire, en blanc, des messages de sensibilisation à la propreté et à la préservation de l'environnement, sont accrochées aux murs. "Souvenez-vous que le meilleur déchet est celui que l'on ne produit pas", lit-on sur une d'entre elles. "Quand on parle de l'environnement, c'est de la vie qu'on parle", lit-on encore sur une autre. Au bout de cette ruelle de près de 500 m, la grande placette du village se décline tel un tableau d'un peintre professionnel. Un véritable musée à ciel ouvert. Sur une des façades de la vieille bâtisse qui abrite le siège du comité de village, une imposante fresque de Tahar Djaout, Mouloud Mammeri, Matoub Lounès et Mohya sur fond d'un drapeau amazigh est mise en évidence, comme pour montrer l'attachement profond des habitants à leur amazighité. Tout au long des murs qui entourent Tajmaât, des bas-reliefs de Massinissa, Jugurtha, Mammeri et d'autres complètent cette œuvre qui déroule des chapitres, récents et anciens, non des moindres de l'histoire. Des drapeaux amazighs flottent partout dans le village, une presse d'huile traditionnelle et un ensemble des fresques montrant des personnes labourant la terre et cueillant des olives achèvent de démontrer l'attachement des habitants aux traditions ancestrales. Cette placette principale du village, qui grouille de monde en ce début de soirée, ne se contente toutefois pas de révéler le seul génie artistique des habitants mais aussi et surtout leur hospitalité inégalable. Dans ce village d'environ 6000 âmes, l'étranger n'en est plus un. Il est vite adopté. Naturellement mis à l'aise à travers quelques salutations chaleureuses, quelques sourires appuyés généralement par une invitation à se considérer comme un des leurs. Les habitants veillent aux petits soins. Cependant, de jeunes garçons et filles s'affairent à équiper les lieux d'hébergement des participants en matelas et autres effets. Selon un d'entre eux, 100 habitations sont concernées par l'hébergement.
Les femmes en première ligne
Nous poursuivons la visite du village, et chaque ruelle livre ses petites merveilles à impressionner le plus insensible des visiteurs. Des ruelles ornées de pots fleuris, des fontaines aux décorations traditionnelles, des clôtures en bois à donner la nette impression de visiter un village suisse, des maisons anciennes restaurées s'adossant parfois à de somptueuses villas de style moderne s'offrent à la vue. "Cela fait huit ans que nous avons entamé les travaux d'embellissement du village. Mais encore avec beaucoup plus d'intensité durant ces deux dernières années", nous apprend un des habitués des volontariats qu'organise le village. Le plus frappant toutefois demeure l'implication des femmes dans les affaires du village. On les croise d'ailleurs dans toutes les ruelles où elles s'affairent au nettoyage ou aux dernières retouches en matière de décoration. "Ici il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme. Tout le monde participe à l'embellissement et à l'entretien du village", nous répondra une d'entre elles. On les retrouve aussi au siège du comité de village dont elles font partie. Il s'agit d'un des très rares, pour ne pas dire l'unique village où les femmes participent à la gestion des affaires du village. Depuis quelques années, elles ont créé même leur association. Une association qui est venue enrichir le tissu associatif déjà composé de cinq associations, et qui a parlé d'elle d'une manière retentissante avec la réalisation d'un centre de soins au village. Et c'est pour leur rendre hommage et surtout pour donner écho à cette place privilégiée qu'occupe la femme de Sahel au sein de sa communauté que le thème de la femme a été retenu parmi les axes majeurs de cette 16e édition de Raconte-arts, nous explique Hacène Metref, un des fondateurs du festival que nous avons rencontré dans les locaux qui servent de quartier général à la ligue organisatrice du festival. "Lorsque nous sommes venus la première fois dans ce village, nous étions frappés de voir les femmes participer à l'assemblée du village et surtout s'imposer. C'est un tabou brisé et cela signifie une évolution incroyable de tajmaât", dit-il, ajoutant que c'est dans ce même ordre d'idées que l'œuvre de Kateb Yacine sera également au rendez-vous. "Le roman de Kateb Yacine, c'est à la fois l'Algérie et c'est l'amour de la femme. En plus c'est le 30e anniversaire de la mort de Yacine, donc c'est un hommage qui tombe à point", dit-il, regrettant que son fils Amazigh Kateb ne puisse pas être présent à cette édition. "À partir de Nedjma, on veut rendre hommage au rôle héroïque de la femme, donc un hommage à la femme, parce que dans ce village, la femme joue un rôle très important", ajoute pour sa part Denis Martinez.
Tout est fin prêt pour l'ouverture
Pendant que les habitants s'occupaient des dernières retouches dans un esprit de solidarité qui constitue un des fondements les plus précieux dans ce village de Haute Kabylie, les participants au festival, hommes et femmes, jeunes et âgés, continuaient d'arriver au village et d'entamer aussitôt une visite à travers ses ruelles. Au total, 500 participants dont 150 étrangers sont attendus pour l'ouverture du festival. Certains ont déjà pris leurs marques, à l'instar d'une délégation de Touareg qui ont déjà installé leur "kheïma" et commençaient à préparer du thé qu'ils partagent avec des habitants, tout en faisant jouer leurs instruments musicaux. C'est parmi eux que l'on retrouve Denis Martinez tout souriant et semblant se délecter de ce moment d'union avec d'autres participants venus des quatre coins du pays. "Les choses se mettent en place, et c'est un village qui a beaucoup travaillé et qui a une organisation exceptionnelle. Je peux dire que son comité de village est un véritable gouvernement", nous dira Martinez, un des fondateurs du festival. Son camarade venu de Sidi Bel-Abbès préfère, lui, aborder l'intérêt de ce festival. "Ce festival est un moyen d'expression et de rencontre sans distinction de race, de religion, ni de pays", dit-il avant que Martinez ne revienne à la charge : "Ce festival est devenu national. Nous avons des artistes qui viennent de tout le territoire national, et c'est ce qui fait que le village qui abrite le festival devient un village national où les jeunes sont libres de s'exprimer et de s'ouvrir sur les autres", en soulignant que "ce qu'on vit comme nouvelles valeurs d'union et de solidarité avec le Hirak depuis février, c'est ce que Raconte-arts faisait depuis de longues années", analyse-t-il.
À noter que l'acte inaugural du festival devait avoir lieu hier à 18h, en présence de plusieurs milliers de personnes qui auront sûrement à découvrir un village hors normes.

Samir LESLOUS


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