Rentrée récemment des championnats arabes qui se sont déroulées au Maroc, où l'Algérie a brillé de mille feux, la nageuse Camille Saâdi-Maâcha a bien voulu revenir sur cette compétition et sur son parcours personnel. Liberté : Comment évaluer la participation algérienne à ces championnats arabes ? Camille Saâdi-Maâcha : La délégation algérienne était présente pour ces championnats arabes avec une forte délégation de 34 nageurs répartis en 3 groupes. L'Algérie a fini cette compétition loin devant le Maroc, l'Egypte et la Tunisie, obtenant la 1re place. Nous avons ainsi honoré la natation algérienne et récolté 90 médailles, soit une belle moisson. Qu'en est-il de vos performances ? J'ai été engagée dans 8 compétitions, 4 en individuel. J'ai obtenu la médaille l'argent au 100 m papillon et 100 m dos et le bronze pour le 50 m. Concernant les 4 relais, mes entraîneurs m'ont fait confiance, nous avons obtenu avec mon équipe de l'or pour le relais mixte 4x100, 4x200 nl filles et de l'argent pour 4x100 m filles. Vous avez intégré un club en France. Peut-on avoir une idée sur votre parcours dans ce club et vos résultats ? Je suis Algérienne née en France ; j'ai toujours baigné dans le sport, particulièrement la natation grâce à mon père, c'était pour moi une logique d'intégrer l'EN, car dès mes 5 ans, j'ai parcouru plusieurs niveaux qui m'ont permis d'avoir ce niveau de pratique actuel, et ce, en grande partie grâce à mon entraîneur Kevin Lecapelain et à Alexia, mais le chemin reste encore long. Je suis très fière de représenter l'Algérie dans les compétitions internationales, et la Kabylie dans les différentes compétitions locales par l'intermédiaire du club NC Béjaïa qui me soutient énormément depuis 2 ans. Par cette occasion, je passe un grand bonjour à ma famille dans les villages d'Aokas (Béjaïa) et Akenjour(Tizi Ouzou) en Kabylie dont je suis originaire.Vous devez savoir que j'ai été plusieurs fois championne du Calvados. J'ai participé à plusieurs regroupements pour représenter la Normandie. J'ai fait partie de la sélection de la Région Normandie, catégorie jeunes. En championnat de Normandie 2019, j'ai pris la 3e place au classement général. J'ai aussi participé aux championnats de France jeunes à Tarbes du 11 au 14 juillet de cette année. J'ai arraché le titre de championne de France scolaire à Rennes pour le 50 m papillon en mars 2019. En Algérie, j'ai gagné 3 titres de championne d'Algérie en juin 2019 à Sétif.
Quels sont vos objectifs pour l'avenir ? À court terme, lors de ces championnats arabes j'ai pu réaliser les minima me permettant de participer au championnat de France espoirs au 100 m papillon pour la saison prochaine, ce qui est une très bonne nouvelle pour commencer la saison. Je suis aussi très proche des qualifications pour le 100 m, le 50 m et le 50 m dos. Mon objectif également est de participer aux championnats maghrébins qui se dérouleront en Algérie en fin d'année en cours et aussi participer au championnat open hivernal et estival. À long terme, je veux battre des records d'Algérie en papillon et en dos puis participer aux Jeux méditerranéens de 2021 qui se dérouleront à Oran, aux Jeux africains et aux championnats arabes.
La natation féminine a connu une régression ces dernières années. Que peut-on faire pour améliorer nos résultats ? Il y a effectivement un manque énorme de nageuses, c'est dû à mon avis à plusieurs facteurs, majoritairement culturels, car pour ce sport particulièrement, très peu de jeunes filles sont soutenues par leur entourage. En outre, la natation a été longtemps monopolisée par les hommes, le manque de parité des entraîneurs n'encourage pas les filles à aller nager. En général, à un âge avancé, les filles comme les garçons sont souvent contraints d'arrêter soit temporairement, soit définitivement leur carrière pour pouvoir se consacrer à plein temps à leurs études. C'est d'une grande importance de permettre à un nageur d'allier le sport et les études. Je pense aux classes à horaires aménagés, et aux sections sportives... Faut-il expatrier nos meilleurs talents pour une meilleure prise en charge ? Pour se frayer un chemin, un jeune nageur qui débute dans cette discipline a besoin d'un bon entourage familial et d'infrastructures (des piscine fonctionnelles), de moyens humains (entraîneurs ), et au fur et à mesure des compétitions, il est obligé de se frotter aux nageurs d'autres pays. Cette prise en charge est d'une grande importance car elle permet de voir comment les grands clubs fonctionnent, s'organisent. Il faut toujours se remettre en question afin d'apporter ce qu'il y a de meilleur à notre sport.