Jusqu'à la fin du mois en cours, les artistes peintres Madjid Guemroud, Dokman, Nouredine Chegrane, Ali Boukhalfa, Saïd Rahmani, Nadia Hadjerès et Benabas Bakhti présenteront leurs œuvres aux amateurs d'art à la galerie Mohammed-Racim (Alger). Durant toute la belle saison où il a fredonné en duo avec la cigale l'air "Elle m'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, plus que tout, pas du tout", en effeuillant la marguerite, l'artiste peintre Madjid Guemroud n'a pas eu le temps de poser un "Regard d'été" sur sa "mer". Ni qu'il n'a eu le temps de s'outiller d'une pelle pour la collecte des feuilles d'automne. Et pour cause, il va d'une exposition à l'autre, qu'il n'a pas eu le temps de chanter la ritournelle Les feuilles mortes de Jacques Prévert (1900-1977). En effet, pendant que les aoûtiens se doraient au soleil de sa Méditerranée, l'auteur de L'empreinte a été surpris par les Soleils couchants (1831) de Victor Hugo (1802-1885) augurant ainsi de la fin de l'été. D'où le faire-part de la rentrée qu'il a adressé à ses pairs. Non pour tirer les pétales de marguerites qu'il n'y a plus dans nos prés, mais pour nuancer la demi-saison d'un bouquet de "Toiles d'automne" à la galerie d'art Mohammed-Racim. Alors, est-ce le désir d'une rencontre entre gens de l'art au cercle d'artistes peintres que la corporation n'a pas, ou c'est l'envie d'être là, à l'instant même où la feuille s'essore de son vert chlorophylle pour s'ambrer et sombrer au sol ? D'ailleurs, l'auteur de Plis contre plis, en l'occurrence Amor Driss Dokman, opte plutôt pour une "assise" à thème libre que la corporation n'a jamais tenue : "L'expo est l'idéale cénacle, certes restreint, mais qui offre la pertinence d'avoir l'écho de ‘fragment' de couleurs qui éclot dans le jardin des uns et des autres. Mieux, l'initiative est d'un aspect convivial et permet d'avoir un œil fraternel sur notre doyen Nouredine Chegrane et les autres", a déclaré le maître de l'art majeur. À ce propos, les autres s'identifient comme à la série de télévision Huit ça suffit du fait qu'ils sont huit dans l'aventure collective où le feeling de Nouredine Chegrane se reflète de ses circulaires. Autres invités, les artistes peintres Smaïl Ouchène qui gratifie ses pairs de "l'estérification ou la dégustation du fruit immature de notre être" pendant que Ali Boukhalfa pose son "trait d'union entre styles et générations". "Les générations âgées de 68, 45, 35, 36 et 29 ans y sont présentes, dont l'allégorie de l'artiste peintre Taieb Benabbas Bakhti", a précisé Dokman, l'auteur de la Fleur de mon grand-père. C'est dire la richesse qu'offre l'éventail de l'expo, où l'œil s'ensoleille de la beauté de "l'Algérienne" de Nadia Hadjeres et de Saïd Rahmani qui "feuillette la mémoire". Et s'il ne tenait qu'à Dokman, il aurait intitulé cette exposition "Vider le placard" au motif que nos artistes vendent si peu : "L'art est tenu à l'écart du curieux, du beau. D'où il est requis d'ouvrir le débat à la radio et à la télévision, où les spécialistes devront enfin statuer que l'art est un travail, voire un métier, et d'expliquer au profane la différence qu'il y a entre l'artisan et l'artiste peintre", a conclu Dokman. Décodé, l'art s'englue dans le djihad, et nos artistes livrent bataille comme des moudjahidine qu'il vous est loisible d'admirer jusqu'à la fin du mois en cours à la galerie d'art Mohammed-Racim. Louhal Nourreddine