Les opérateurs réclament une trêve dans le paiement des redevances fiscales ou parafiscales. L'agroalimentaire est l'un des secteurs touchés de plein fouet par la crise qui secoue actuellement le pays. Plusieurs entreprises activant dans ce domaine ont perdu plus de 70% de leur chiffre d'affaires. Les entreprises du secteur n'arrivent plus à rembourser leurs crédits et encore moins à payer les salaires de leurs employés. Pourtant, le marché national, perdu durant les années 1990 à cause des importations tous azimuts, a été reconquis grâce à ces entreprises qui se sont battues pour concrétiser un tel objectif. L'exemple du créneau des boissons est le plus édifiant, puisque la quasi-totalité des besoins nationaux est couverte par des opérateurs nationaux. Pour reconquérir le marché domestique, ces industriels ont dû investir pour l'acquisition d'équipements modernes et des nouvelles technologies. Ils sont, bien entendu, passés via le circuit bancaire à travers des prêts qu'ils doivent rembourser. Des observateurs très au fait du secteur ne cachent pas leurs préoccupations quant à l'avenir de ces entités. Le risque de les perdre est, selon eux, permanent, car le marché reste instable, alors que la consommation enregistre une baisse sensible. "Si jamais ces entreprises disparaissent, ce seront des centaines de postes d'emploi qui seront perdus. L'on sera dans l'obligation de repartir à zéro. C'est-à-dire attendre l'émergence de nouveaux industriels qui créeront de nouvelles usines. Ces opérateurs nécessiteront ainsi un temps, soit au moins cinq à six ans, pour arracher une place sur le marché (…) Autant de dépenses supplémentaires pour l'Algérie", prévient Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). Face à toutes ces difficultés, le président de la Cipa estime qu'une amnistie provisoire ou une trêve pour le paiement des redevances fiscales ou parafiscales de ces entreprises, ainsi que pour le paiement de leurs échéances bancaires demeure indispensable. Amnistie fiscale provisoire Car, argue-t-il, les gérants de ces PME/PMI ne savent même pas s'ils tiendront le coup jusqu'à la fin de l'exercice en cours. Ils craignent que le funeste scénario vécu par le secteur du BTPH, où plus de 90 entreprises ont mis la clé sous le paillasson, se reproduise dans l'agroalimentaire. "Il faut que toutes les institutions publiques concernées ouvrent les canaux de dialogue avec les organisations professionnelles pour trouver des solutions à même de sauver ces entreprises", suggère le président de la Cipa. Parmi ces solutions, il préconise la levée des dettes fiscales momentanément jusqu'à ce que le marché reprenne d'ici au premier trimestre de 2020. Soit une période d'au moins six mois, le temps qu'il faut pour que l'horizon politique de l'Algérie soit plus clair. C'est ce flou quant à l'avenir du pays qui contraint d'ailleurs les ménages algériens à se serrer la ceinture et à revoir à la baisse leur consommation. Ils expriment une certaine crainte, une réticence, car ils n'ont plus confiance en le pouvoir politique. "Si l'on arrive à surmonter cette crise, l'on réussira à sauver des centaines de milliers d'entreprises", avoue le P-DG de la société Arômes d'Algérie. Aujourd'hui, indique-t-il, il est grand temps de préparer l'entreprise pour qu'elle puisse s'installer durablement sur le marché national et sensibiliser également les citoyens à consommer algérien dans le but de protéger ces sociétés.