Le Goethe Institut en Algérie a participé cette année au 24e Sila (Salon international du livre d'Alger), avec plusieurs ouvrages : entre romans, livres jeunesse, essais, bandes dessinées et même des traductions en allemand d'écrivains algériens, à l'instar d'Assia Djebar. Outre l'exposition-vente, le stand qui ne désemplissait pas depuis le 31 octobre dernier de jeunes férus de la langue germanique a proposé plusieurs activités culturelles destinées aux petits et grands. À cet effet, on peut citer les cours de langue dispensés par des professionnels et des quiz. D'ailleurs, les lauréats ont été primés jeudi par Mme Knotz, ambassadeur d'Allemagne accréditée en Algérie. Par ailleurs, l'un des évènements marquants concocté par le Goethe Institut est sans nul doute l'atelier de BD animé par les bédéistes Paula Bulling et Salim Zerrouki, organisé les 5 et 7 novembre au stand. Les dessinateurs en herbe âgés de 7 à 77 ans étaient au rendez-vous. À propos de cette formation accélérée, Salim Zerrouki nous a indiqué : "Durant deux heures, nous avons essayé d'initier les participants à la BD. Nous leur avons expliqué ce qu'est le 9e art, par la suite nous leur avons demandé de choisir des personnages, des lieux et des situations pour en tirer un dessin." Très créatifs, les apprenants ne manquaient pas d'humour : "Ils ont dessiné la mer, un requin, un tsunami, et à partir de ces réalisations ils ont créé une histoire, celle d'un enseignant qui veut émigrer clandestinement mais qui n'arrive pas à atteindre son objectif." Présent entre autres avec sa dernière parution Comment se débarrasser de nous dans un monde meilleur, Salim Zerrouki est un auteur algérien établi en Tunisie depuis une dizaine d'années. Lors de cette rencontre, il a évoqué la situation de la BD dans les deux pays : "La seule différence qu'il y a entre l'Algérie et la Tunisie, c'est qu'en Tunisie il y a un collectif de bédéistes qui sort des revues tous les ans. En revanche ici, il y a des maisons d'édition spécialisées dans la BD, et cela n'est pas le cas dans les autres pays du Maghreb." Et de poursuivre : "En Algérie, il n'y a pas de volonté politique dans le domaine de la BD. en Tunisie depuis la révolution de 2011, de gros budgets sont injectés dans le secteur culturel." À noter pour ceux qui veulent acquérir le livre de Zerrouki, il est disponible dans plusieurs librairies. Pour sa part, Paula Bulling a édité une BD sur la capitale, réalisée dans le cadre d'une résidence en 2017. "Je suis venue à Alger en 2016, lors du Fibda (Festival international de la bande dessinée). Alors, je suis restée pour suivre des cours d'arabe littéraire. À ce moment-là, j'ai commencé à écrire le texte", a-t-elle précisé. Et d'ajouter : "Une année plus tard, je suis revenue pour une résidence de trois mois aux Ateliers Sauvages, à travers laquelle j'ai dessiné le livre." À propos de son ouvrage dont les textes sont en allemand, elle a signalé : "C'est plus un poème graphique et non pas une BD dans le sens traditionnel. Il n'y a pas de caractères ni de bulles, il est composé d'images assorties aux textes. Ça peut se lire comme un journal de bord d'une journée dans la capitale, mais cela parle également d'amitié et d'adieux. Car durant mon séjour, j'ai tissé des liens, les Algériens sont extrêmement généreux et hospitaliers." En somme, cet atelier a permis aux bédéistes de renouer avec le public algérien, et ce dernier de rencontrer des artistes de talent.