Plus la date du 12 décembre approche, plus la mobilisation et la détermination du peuple à en finir avec le système et le rejet de l'élection présidentielle s'amplifient. Hier et pour le 39e vendredi de la révolution pacifique, ils étaient des milliers de manifestants à battre le pavé à Bouira afin de dénoncer "le passage en force" du pouvoir et la "complicité active" des cinq candidats à la magistrature suprême. Ainsi, c'est vers 13h30 que les marcheurs, munis de banderoles et autres pancartes par lesquelles ils fustigent le système et dénoncent les cinq candidats, ont afflué vers le lieu de ralliement fixé à la place des Martyrs de Bouira, en scandant le désormais célèbre "Ulac l'vote ulac". En effet, pour les milliers de manifestants qui ont arpenté les rues de Bouira, l'"entêtement" du pouvoir à vouloir organiser le scrutin de décembre dans les conditions actuelles ne correspond pas aux aspirations populaires et encore moins à "l'esprit" de la révolution de tout un peuple. Selon eux, l'élection que comptent organiser les tenants du pouvoir vise à "recycler" le système et à le régénérer de l'intérieur. "Toute cette mascarade n'a qu'un seul et unique objectif : permettre au système de se régénérer. Notre peuple n'est pas dupe quant à leur stratégie. Le combat va continuer", dira un des participants à cette énième démonstration de force de la population de Bouira. Par ailleurs et tout en se réjouissant de la libération des cinq détenus pour port de l'emblème amazigh par le tribunal de Bab El-Oued (Baïnem), les manifestants d'hier ont, encore une fois, réclamé la libération des autres détenus, notamment ceux jugés par le tribunal de Sidi M'hamed. En effet, les manifestants, munis de banderoles et autres pancartes où étaient écrits "Libérez la justice", "Justice criminelle" et "Nul ne peut arrêter le peuple sur le chemin de son destin", ont sillonné les différentes artères de la ville. "Nous sommes en train de basculer dans une dictature", s'alarmera un manifestant. Et d'ajouter : "Ces arrestations traduisent clairement la volonté du pouvoir de museler toute voix qui peut s'opposer à ses desseins et à sa volonté de se maintenir coûte que coûte." Peu après 15h, l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum, rebaptisée "place de la Révolution", a été prise d'assaut par les manifestants qui, sur place, ont entonné l'hymne national tout en se donnant rendez-vous pour vendredi prochain.